Son Regret, Ma Victoire Absolue
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Chapitre 4

« Je te déteste. »

Les mots sont sortis de ma bouche, froids et tranchants. Ils flottaient dans l'air pesant du salon.

Antoine a tressailli, comme s'il ne s'attendait pas à une telle franchise.

« Élise, ne dis pas ça. Je fais ça pour nous. Pour notre avenir. »

« Il n'y a plus de "nous", » ai-je rétorqué, ma voix dénuée de toute émotion. « Il n'y a que toi, ta mère, et votre précieuse réputation. »

J'ai fait demi-tour, avec l'intention de faire ma valise et de partir. N'importe où. Mais il m'a attrapée par le bras, sa poigne étonnamment forte.

« Tu ne vas nulle part. Pas maintenant. Ce serait désastreux pour l'image. Tu vas rester ici, sagement, jusqu'à ce que la tempête se calme. »

« Lâche-moi ! »

« Non. »

Il m'a forcée à m'asseoir sur le canapé. Il a pris mon téléphone sur la table. « Pour ton bien, » a-t-il dit, en le glissant dans sa poche. Il a ensuite débranché la ligne fixe et rangé mon ordinateur portable dans son bureau, qu'il a fermé à clé. J'étais prisonnière.

Les jours suivants ont été un enfer feutré. J'étais enfermée, coupée du monde. Sophie avait fini par quitter l'appartement, mais l'ombre de sa présence et de sa trahison planait toujours. Antoine me parlait à peine, se contentant de s'assurer que je mangeais, comme on s'occupe d'un animal de compagnie.

Environ une semaine après le début de mon confinement, alors qu'Antoine était absent, la sonnette a de nouveau retenti. Pensant que c'était lui, j'ai ouvert. Grave erreur.

C'était la mère de Sophie, une femme aussi vulgaire et cupide que sa fille était manipulatrice. Elle était accompagnée de sa sœur, une version plus jeune et tout aussi agressive. Elles sont entrées sans y être invitées.

« Alors, c'est toi, la salope qui essaie de ruiner la vie de ma fille ! » a hurlé la mère de Sophie.

« Ma nièce est une jeune fille innocente ! Et à cause de toi, elle est traumatisée ! » a renchéri la tante.

Puis, la mère a lâché la bombe. Une bombe conçue pour me détruire complètement.

« Et pour couronner le tout, ma Sophie est enceinte ! Enceinte d'Antoine ! Tu entends ? Il va devoir l'épouser pour réparer les dégâts ! Toi, tu n'es plus rien ! »

Le monde s'est mis à tourner. Enceinte. C'était un mensonge, j'en étais sûre. Un coup de bluff cruel et calculé. Mais la violence de l'annonce m'a laissée sans voix.

La tante de Sophie, dans sa fureur théâtrale, a commencé à faire les cent pas dans le salon. Son regard s'est posé sur la petite boîte à musique que ma grand-mère m'avait offerte. C'était mon objet le plus précieux. Elle l'a attrapée.

« C'est joli, ça. Ça doit coûter cher. C'est le genre de chose qu'une fille comme toi ne mérite pas. »

D'un geste sec, elle l'a jetée au sol. La boîte en bois s'est brisée avec un bruit sec et sinistre. La petite ballerine à l'intérieur s'est détachée, sa délicate porcelaine se fissurant en deux.

Un cri m'a échappé. Un cri de pure agonie. Ce n'était pas seulement une boîte à musique. C'était mon enfance, mes souvenirs, mon dernier lien avec un passé heureux. Et elles venaient de le piétiner.

Au même moment, la porte s'est ouverte. Antoine était de retour. Il a vu la scène : moi, en larmes, à genoux près des débris, et les deux femmes, triomphantes.

« Dehors ! » a-t-il rugi, une fureur que je ne lui avais jamais vue dans les yeux. « Sortez de chez moi, immédiatement ! »

Les deux femmes, surprises par sa colère, ont reculé et sont parties en grommelant des insultes.

Antoine s'est approché de moi. Il a regardé les morceaux de la boîte à musique, puis mon visage dévasté.

« Je suis désolé, Élise, » a-t-il murmuré, sa voix sincèrement pleine de remords. « Je... je la ferai réparer. Je te le promets. Elle sera comme neuve. »

Il s'est agenouillé pour ramasser les morceaux, mais je l'ai repoussé.

« Ne touche pas à ça. »

Il a levé les yeux vers moi, désemparé.

« Qu'est-ce qu'elles ont dit ? Pourquoi étaient-elles ici ? »

Je n'ai pas répondu à sa question. Je n'ai même pas mentionné leur mensonge sur la grossesse. À quoi bon ?

Il a soupiré, passant une main lasse sur son visage.

« Écoute. Je sais que tout ça est un cauchemar. Mais ça va bientôt se terminer. Je vais emmener Sophie à la campagne quelques temps, loin de Paris, pour que les choses se tassent. Sa famille est incontrôlable. Je vais gérer ça. Et quand je reviendrai, tout redeviendra comme avant. Toi et moi. On recommencera. Je te le jure. »

Il essayait de me vendre un avenir, un retour à la normale. Mais il ne comprenait pas. On ne peut pas recoller les morceaux d'une vie comme on répare une boîte à musique. Certaines choses, une fois brisées, le sont pour toujours. Et mon amour pour lui en faisait partie.

Je l'ai regardé, et pour la première fois, j'ai vu un chemin s'ouvrir devant moi. Un chemin qu'il venait de m'offrir sans le savoir. Son absence serait ma chance. Ma seule chance.

                         

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