Triplés: La Menace Imprévue
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Chapitre 2

Le lendemain matin, une fausse normalité s'était installée. Marc était parti tôt pour le travail, encore un peu perplexe et distant après notre conversation de la veille. Je suis descendue à la cuisine, le cœur lourd mais l'esprit en alerte.

Léa était assise à la table de la cuisine, dessinant sagement sur une feuille de papier. Elle a levé la tête quand je suis entrée, un grand sourire aux lèvres.

« Bonjour Claire ! J'ai préparé quelque chose pour toi. »

Elle a désigné un grand verre de lait posé sur le comptoir.

« J'ai mis du miel dedans, c'est bon pour les bébés. C'est ce que Mamie disait toujours. »

Mon sang s'est glacé. Un écho de ma vie passée, du gâteau empoisonné offert avec le même sourire innocent. Je me suis approchée lentement. Le verre de lait avait l'air parfaitement normal. Mais les pensées de Léa criaient dans ma tête.

Bois-le, idiote. Bois ce lait. L'oncle Jean-Luc m'a dit que le safran à haute dose te ferait perdre les bébés. Une petite fausse couche et tout sera fini. Tu ne pourras rien prouver.

L'oncle Jean-Luc. Le frère de sa mère biologique, Sophie. Un escroc notoire que Marc avait chassé de nos vies il y a des années. Alors ils étaient déjà en contact. Le complot était plus profond que je ne l'imaginais.

J'ai pris le verre, mes doigts tremblants légèrement. Je l'ai regardée dans les yeux.

« C'est très gentil de ta part, Léa. »

J'ai porté le verre à mes lèvres, sans intention de boire, juste pour voir sa réaction. Ses yeux brillaient d'une attente fiévreuse.

Soudain, j'ai posé le verre et j'ai porté la main à mon ventre, grimaçant de douleur.

« Oh ! Ah... »

J'ai chancelé, m'agrippant au comptoir.

Léa a sursauté.

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

« Je ne sais pas... une crampe soudaine. Je ne me sens pas très bien. »

Je me suis assise lourdement sur une chaise, le visage pâle. Léa me regardait, un mélange de confusion et de déception sur le visage. Son plan n'avait pas fonctionné comme prévu.

Juste à ce moment-là, Marc est rentré dans la cuisine. Il avait oublié un dossier.

« Claire ? Qu'est-ce qui se passe ? »

Il s'est précipité à mes côtés, l'inquiétude se lisant sur son visage.

Léa a vu sa chance. Les larmes ont instantanément rempli ses grands yeux bleus.

« Papa ! Je ne sais pas ! J'ai juste préparé un verre de lait pour Claire pour qu'elle soit forte pour les bébés, et tout d'un coup elle a eu mal ! »

Elle s'est mise à pleurer, de vrais sanglots déchirants qui auraient fendu le cœur de n'importe quel père.

« C'est de ma faute ? J'ai fait quelque chose de mal ? »

Marc l'a prise dans ses bras, la berçant doucement.

« Bien sûr que non, ma chérie. Tu es la plus gentille des petites filles. N'écoute pas... »

Il s'est interrompu, me lançant un regard agacé.

J'ai vu mon ouverture. J'ai pris le verre de lait sur le comptoir. Ma main était maintenant parfaitement stable.

« Tu as l'air fatigué, Marc. Tu as oublié ton dossier, tu cours partout... Tu devrais boire ce lait. Léa l'a préparé avec tant d'amour. »

Je lui ai tendu le verre.

Le visage de Marc s'est éclairci.

« Oh. C'est une bonne idée. Merci, ma puce. »

Il a pris le verre et s'apprêtait à le porter à ses lèvres.

« NON ! »

Le cri de Léa a été si strident qu'il a fait vibrer les vitres.

Marc s'est figé, le verre à quelques centimètres de sa bouche.

Léa s'est jetée en avant et a frappé la main de son père. Le verre a volé dans les airs, s'écrasant sur le carrelage dans un fracas de verre et une éclaboussure blanche.

Le silence qui a suivi était assourdissant.

Marc regardait la flaque de lait et de débris, puis sa fille, abasourdi.

« Léa ! Mais qu'est-ce qui t'a pris ? »

Le masque de Léa était tombé. La panique pure se lisait sur son visage. Elle ne pouvait pas laisser son père boire le poison. Pas parce qu'elle l'aimait, mais parce que cela ruinerait tout son plan.

Idiot ! Il allait tout boire ! Maintenant, elle va tout comprendre !

Le regard de Marc s'est durci. Il a regardé la flaque de lait, puis moi. Une lueur de doute, une véritable suspicion, a enfin traversé son regard.

« Pourquoi tu as fait ça, Léa ? » a-t-il demandé d'une voix dangereusement calme.

Léa a compris qu'elle était au pied du mur. Et elle a sorti son arme la plus puissante : le mensonge, enveloppé dans des larmes de crocodile.

« C'est... c'est parce que... » elle a sangloté. « Une mouche est tombée dedans quand tu es arrivé ! Je ne voulais pas que tu boives une méchante mouche ! J'ai eu peur ! »

Elle s'est effondrée en pleurs, tremblant de la tête aux pieds.

C'était une excuse pathétique, ridicule. Mais pour un père aveuglé par l'amour, c'était suffisant.

Le doute dans les yeux de Marc s'est estompé, remplacé par de la pitié et de l'affection. Il s'est accroupi et l'a serrée contre lui.

« Oh, ma chérie. C'est pour ça ? Tu n'avais pas besoin de crier comme ça. Tu m'as fait peur. »

Il s'est relevé et m'a regardé. La suspicion à mon égard était revenue, plus forte qu'avant.

« Tu vois, Claire ? C'est juste une enfant qui s'inquiète. Tu devrais arrêter de la regarder comme si elle était une criminelle. Tu la rends nerveuse. »

Il a pris son dossier et est parti, laissant Léa dans mes bras.

Avant de sortir, il a ajouté : « Nettoie ça, s'il te plaît. »

Une fois la porte refermée, les sanglots de Léa se sont arrêtés net. Elle a relevé la tête et m'a souri. Un sourire triomphant.

Tu as gagné une manche. Mais la guerre n'est pas finie. La prochaine fois, tu ne seras pas si chanceuse.

J'ai regardé le désordre sur le sol, puis le visage angélique de ce petit monstre. Non, la guerre n'était pas finie. Elle ne faisait que commencer. Et je n'avais pas l'intention de la perdre.

            
            

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