Mon Mari, Sa Maîtresse, Ma Vengeance
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Chapitre 3

Les semaines qui ont suivi ont été un flou administratif et émotionnel. J'ai pris un petit appartement dans le Marais, un quartier que j'avais toujours aimé pour son énergie et sa créativité. Loin du luxe aseptisé du 16ème. Mes amies, Sophie et Léa, ont été incroyables. Elles ont organisé mon déménagement, m'ont empêchée de sombrer, m'ont forcée à sortir.

Mais le stress me rongeait de l'intérieur. Je dormais mal, je mangeais à peine. J'ai commencé à avoir des vertiges, des maux de tête constants. Un matin, en me levant, la pièce a tourné si vite que j'ai dû m'asseoir par terre pour ne pas tomber. C'en était trop. J'ai pris rendez-vous chez un médecin.

Le diagnostic est tombé, sans surprise : surmenage, anxiété, carences. Rien de grave, mais un signal d'alarme. Le médecin m'a prescrit des vitamines et du repos. En sortant du cabinet, je suis passée par la pharmacie pour prendre mes médicaments.

Et c'est là que je l'ai vue.

Manon. Elle était au comptoir, l'air fragile, choisissant des crèmes pour le corps. Elle m'a aperçue dans le reflet d'un miroir. Un petit sourire est apparu sur ses lèvres. Elle s'est approchée de moi, son visage exprimant une fausse sollicitude.

« Camille ! Quelle surprise. Comment vas-tu ? »

Sa voix était douce, presque un murmure.

« Je vais bien, Manon. Merci. »

« Tu as l'air si fatiguée... Antoine s'inquiète tellement pour toi. Il dit que tu ne manges plus, que tu ne prends pas soin de toi. »

J'ai senti la colère me piquer les veines. L'audace. L'hypocrisie.

« Antoine peut s'inquiéter pour ses sauces. Je suis assez grande pour prendre soin de moi-même. »

Son sourire s'est légèrement crispé.

« Tu es si dure. Je ne veux que ton bien. Nous ne voulons que ton bien. »

Le "nous". Elle avait dit "nous". Comme s'ils formaient une entité, un couple officiel.

À ce moment précis, la porte de la pharmacie s'est ouverte et Antoine est entré. Il a vu Manon, puis moi. La surprise, puis l'agacement se sont peints sur son visage. Il s'est avancé vers nous.

« Camille ? Qu'est-ce que tu fais là ? Manon, je t'avais dit de m'attendre dans la voiture. »

Sa voix était autoritaire. Il s'est tourné vers moi.

« Tu es malade ? C'est pour ça que tu es ici ? Tu vois, je te l'avais dit que tu ne tenais pas le coup toute seule. »

Il n'y avait aucune inquiétude dans son ton. Juste du reproche. Comme si ma faiblesse était une preuve de son bon droit.

J'ai sorti l'ordonnance de mon sac et je l'ai posée sur le comptoir, devant le pharmacien.

« Je viens chercher mes vitamines. »

J'ai regardé Antoine droit dans les yeux, mon expression aussi froide que possible.

« Ne t'inquiète pas pour moi, Antoine. Je n'ai plus besoin que tu t'occupes de ma santé. Ni de quoi que ce soit d'autre. »

Je sentais les regards des autres clients sur nous. La femme du célèbre chef, l'air épuisée, face à son mari et sa jeune maîtresse. Un vaudeville pathétique.

Antoine a ouvert la bouche pour répliquer, mais Manon a choisi ce moment pour avoir un léger malaise. Elle a porté une main à son front, a chancelé.

« Oh... Je ne me sens pas bien tout à coup... La tête me tourne... »

Immédiatement, toute l'attention d'Antoine s'est reportée sur elle. Il l'a soutenue par la taille, son visage soudain rempli d'une véritable anxiété.

« Manon ! Qu'est-ce qui se passe ? Assieds-toi. »

Il l'a guidée vers une chaise, lui a parlé doucement, lui a caressé la joue. Il avait complètement oublié ma présence. J'étais invisible.

J'ai payé mes médicaments, j'ai remercié le pharmacien, et je suis partie. En passant devant eux, j'ai vu le regard de Manon. Un éclair de triomphe. Elle avait gagné. Elle avait réussi à me faire passer pour la méchante sorcière, et elle pour la pauvre victime fragile.

En marchant dans la rue, je n'ai pas pleuré. Je n'ai ressenti qu'un froid glacial. Ce n'était plus de l'amour, ni même de la haine. C'était du dégoût. Un dégoût profond et irréversible pour l'homme que j'avais tant aimé.

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