Mon Mari, Sa Maîtresse, Ma Vengeance
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Chapitre 2

Le lendemain matin, je me suis réveillée avec une sensation étrange. Pas de tristesse. Pas de larmes. Juste un vide immense et, curieusement, un sentiment de soulagement. C'était fini. La comédie était terminée. Je n'avais plus à prétendre, à sourire, à avaler les couleuvres. La nuit avait été un cauchemar éveillé. J'avais fait et refait la scène dans ma tête, chaque mot, chaque geste. Mais en me levant, en voyant le soleil filtrer à travers les rideaux, je me sentais plus légère.

Il n'était pas dans le lit. Il n'était pas rentré de la nuit. Ou peut-être était-il parti avant mon réveil. Peu importe. J'ai pris une longue douche, laissant l'eau chaude couler sur moi, comme pour laver les huit dernières années. J'ai enfilé un jean et un simple t-shirt, des vêtements que je ne portais jamais, lui qui aimait me voir en robes de créateurs.

Quand je suis sortie de la chambre, il était dans le salon, une valise à ses pieds. Il était habillé impeccablement, comme toujours. Prêt à partir.

« Je pars quelques jours à Lyon. Pour une conférence. »

Je n'ai rien dit. J'ai hoché la tête.

Il m'a regardée, attendant une réaction. Une crise, des pleurs, des supplications. Il n'a rien eu de tout ça. Juste mon silence. Ça l'a déstabilisé.

« Camille, ce que tu as dit hier soir... »

« C'était la vérité, Antoine. Chaque mot. »

Il a passé une main dans ses cheveux, un geste de frustration.

« Tu es en train de tout gâcher. Pour une crise de jalousie stupide. »

« Stupide ? Tu appelles ça stupide ? »

J'ai ri, un rire sans joie.

« Pars, Antoine. Va à ta conférence. Va retrouver Manon, elle doit sûrement t'accompagner. Fais ce que tu as à faire. Quand tu reviendras, je ne serai plus là. »

Son visage est devenu blême. Il a compris que je ne bluffais pas. Mais l'arrogance a vite repris le dessus.

« Très bien. Fais comme tu veux. Mais ne viens pas pleurer quand tu n'auras plus rien. »

Il a attrapé sa valise et est parti sans un regard en arrière. La porte s'est refermée derrière lui. Et je me suis sentie libre.

Je me suis assise sur le canapé en cuir hors de prix, et les souvenirs ont afflué. Comment en étions-nous arrivés là ? Je me suis souvenue de notre rencontre. J'étais cheffe pâtissière dans un petit bistrot de quartier qui commençait à faire parler de lui. Lui était déjà une étoile montante, arrogant, sûr de lui. Il était venu dîner un soir avec des critiques gastronomiques.

Il avait détesté tout le repas, mais il avait commandé mon dessert signature, une simple tarte au citron meringuée, déstructurée. Après le service, il avait débarqué dans ma cuisine.

« C'est vous qui avez fait ça ? »

Il avait pointé l'assiette vide. J'avais hoché la tête, sur la défensive.

« C'est la seule chose de potable que j'ai mangée ce soir. C'est même génial. »

Je l'avais dévisagé, surprise.

« Vous devriez travailler pour moi. »

« Non merci. J'aime bien mon poste ici. »

« Je vous paierai le double. »

« L'argent ne m'intéresse pas. »

Il avait ri, charmé par mon audace. Il n'avait pas l'habitude qu'on lui dise non. Pendant des semaines, il m'a harcelée. Il venait dîner tous les soirs. Il m'envoyait des fleurs, des invitations. Je refusais tout. Il m'agaçait autant qu'il m'intriguait. Sa passion pour la cuisine était dévorante, absolue. C'était la seule chose que nous avions en commun.

Puis, un soir, mon monde s'est effondré. Mon père, qui m'avait élevée seul et m'avait transmis l'amour de la pâtisserie, est décédé subitement d'une crise cardiaque. J'étais anéantie. J'ai fermé mon restaurant, je ne sortais plus de mon appartement. Je ne répondais plus à personne.

Un jour, on a sonné à ma porte. C'était Antoine. Je ne sais pas comment il avait eu mon adresse. Je lui ai dit de partir. Il a refusé. Il a forcé le passage, a vu l'état de mon appartement, le chaos dans lequel je vivais. Il n'a rien dit. Il est allé dans ma cuisine, a ouvert le frigo vide, les placards. Il est ressorti. Il est revenu une heure plus tard avec des sacs de courses.

Pendant une semaine, il a vécu chez moi. Il a nettoyé, rangé. Il m'a cuisiné des plats simples et réconfortants. Il me forçait à manger. Il me parlait, pas de mon deuil, mais de cuisine, de projets, de saveurs. Il m'a ramenée à la vie, petit à petit. Il a été mon ancre, mon sauveur.

Un soir, alors que nous étions assis en silence dans le salon, il a pris ma main.

« Je ne te laisserai jamais tomber, Camille. Jamais. »

Je me suis mise à pleurer, toutes les larmes que j'avais retenues depuis des semaines. Il m'a prise dans ses bras. Et ce soir-là, je suis tombée amoureuse de lui.

Je me suis mariée avec l'homme qui m'avait sauvée. J'ai abandonné ma carrière pour soutenir la sienne, pour construire notre famille, notre empire. J'étais heureuse de le faire. Pour lui.

Debout dans le salon vide, je me suis souvenue d'une promesse que je m'étais faite, juste après la mort de mon père. Je m'étais juré que plus jamais je ne ferais de tarte au citron. C'était le dessert de mon père, notre lien. Le jour où je referais cette tarte, ce serait le jour où je serais enfin guérie de mon chagrin.

Je n'en avais jamais refait. Pas en huit ans.

J'ai regardé mes mains. Il était peut-être temps de se remettre aux fourneaux.

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