« Retire cette plainte. Tout de suite. »
« Bonjour Antoine. Je vois que tu as trouvé un autre moyen de me contacter. »
« Arrête tes sarcasmes ! À cause de toi, le comité m'a appelé ce matin. Ils veulent me parler. Qu'est-ce que tu leur as dit ? »
« La vérité. Et je n'ai pas l'intention de retirer quoi que ce soit. C'est fini, Antoine. Accepte-le. »
« Fini ? Fini ? C'est moi qui décide quand c'est fini ! Tu vas annuler cette plainte, et tu vas publier un démenti sur cet article de merde. Tu vas dire que tu as paniqué et que j'ai essayé de t'aider ! »
J'ai ri. Un rire sec, sans joie.
« Tu rêves. »
J'ai raccroché.
Quelques minutes plus tard, on a frappé violemment à la porte de ma chambre d'hôtel. Je savais qui c'était. J'ai ouvert juste assez pour les voir.
Antoine et Sophie étaient là, leurs visages déformés par la haine.
« Ouvre cette porte, Camille ! »
« Non. Partez. »
C'est Sophie qui a lancé l'offensive. Sa voix était aiguë, perçante.
« Elle ment ! Antoine, elle ment depuis le début ! Elle n'a jamais été malade, elle a tout simulé pour attirer ton attention ! Elle a fait la même chose avec le Chef Lambert ! Elle l'a probablement drogué pour jouer les héroïnes ! »
C'était tellement absurde que j'en suis restée sans voix. Mais Antoine, aveuglé par sa rage et son adoration pour Sophie, l'a crue.
« Salope ! » a-t-il hurlé.
Il a défoncé la porte d'un coup d'épaule. Le bois a éclaté.
Je n'ai pas eu le temps de réagir. Il s'est jeté sur moi, a attrapé la copie de la plainte que je tenais toujours dans ma main et l'a déchirée en mille morceaux.
« Voilà ce que je fais de tes menaces ! »
Les morceaux de papier sont tombés sur le sol comme des confettis macabres.
Sophie, encouragée, s'est approchée et m'a poussée violemment.
« Tu n'es rien ! Tu entends ? Rien ! »
J'ai perdu l'équilibre. Ma tête a heurté le bord du bureau. La douleur était vive, fulgurante. J'ai glissé le long du meuble, m'effondrant sur le sol. Une chaleur humide a commencé à couler sur ma tempe. Du sang.
À travers un voile de douleur, je les ai vus me regarder de haut. Le visage d'Antoine était un masque de triomphe cruel. C'était la même expression que celle qu'il avait eue dans ma vie passée, juste avant ma mort.
« Maintenant, tu vas faire ce que je dis, » a-t-il dit d'une voix glaciale.
Mais juste à ce moment-là, la porte de la chambre, déjà ouverte, a été poussée plus grand.
Sur le seuil se tenait le Chef Édouard Lambert. Il n'était pas seul. Derrière lui se trouvaient deux autres membres du jury du Macaron d'Or et le directeur de l'hôtel. Ils tenaient des boîtes de chocolats fins et une bouteille de champagne. Des cadeaux de remerciement.
Ils se sont tous arrêtés net.
Le silence est devenu assourdissant.
Leurs regards sont passés de mon corps affalé sur le sol, du sang sur mon visage, aux visages choqués d'Antoine et Sophie, puis aux morceaux de papier déchiré éparpillés sur la moquette.
La bouteille de champagne a glissé des mains du directeur de l'hôtel.
Elle s'est écrasée sur le sol dans un bruit de verre brisé qui a sonné comme un coup de feu.
La scène était figée, un tableau horrible de violence et de culpabilité.
Le piège venait de se refermer sur eux.