Avant que quiconque ait pu réagir, Élise traversa la pièce en trois grandes enjambées. Elle ne cria pas. Elle n'insulta pas. Elle attrapa le verre d'eau posé sur le bureau de Marc et le vida sur la tête de Chloé.
L'eau glacée coula sur son visage, son maquillage coulant en filets noirs sur ses joues. Chloé poussa un cri aigu, plus de surprise que de douleur.
« Comment osez-vous ! »
Élise posa le verre vide avec un bruit sec. Elle se pencha vers Chloé, qui était maintenant trempée et ridicule.
« Toi, tu me parles de respect ? Toi qui as volé mon travail, qui as souillé mon nom ? Tu n'es rien. Tu es un parasite. Et je vais t'écraser. »
Elle attrapa le menton de Chloé, ses doigts se resserrant juste assez pour être douloureux.
« Tu crois que tu as gagné parce que tu as couché avec lui ? Des filles comme toi, il en a eu des dizaines. Tu n'es qu'un caprice passager. La différence, c'est que les autres étaient plus intelligentes. Elles savaient qu'il ne fallait pas me défier. »
« Élise, arrête ! » cria Marc en se précipitant pour les séparer. Il attrapa le bras d'Élise.
Elle se dégagea d'un coup sec et se tourna vers lui, ses yeux lançant des éclairs.
« Ne me touche pas. N'ose plus jamais me toucher. »
Elle le pointa du doigt.
« Et toi, tu es encore plus pathétique qu'elle. Tu as tout détruit. Dix ans de notre vie, de notre travail. Pour ça. Une stagiaire ambitieuse et sans talent qui te flatte l'ego. As-tu oublié qui je suis, Marc ? As-tu oublié qui t'a sorti du néant ? »
Marc recula, son visage blême. La fureur d'Élise était une force de la nature qu'il n'avait pas vue depuis des années.
« C'était une erreur, Élise... Je... On peut arranger les choses... »
« Arranger les choses ? » Elle éclata d'un rire sans joie. « Il n'y a plus rien à arranger. Tu as fait ton choix. Maintenant, tu vas devoir vivre avec les conséquences. »
Elle redevint soudainement calme, ce qui était encore plus effrayant.
« J'ai construit cette maison. Je l'ai construite avec mon sang et mes larmes. Et je ne laisserai ni toi ni ta petite marionnette la détruire. »
Elle sortit son téléphone de sa poche. Elle n'appuya sur aucune touche. Elle le tenait simplement, comme une arme.
« À partir de cet instant, Chloé Martin est sur la liste noire de toute l'industrie. Chaque magazine, chaque grand magasin, chaque photographe, chaque fournisseur. J'appellerai personnellement chaque personne que je connais. Et je connais tout le monde, Marc. Tu le sais. »
Elle regarda Chloé, qui la fixait, bouche bée, réalisant enfin la portée de la menace.
« Tu voulais devenir célèbre, Chloé ? Félicitations. Tu vas l'être. Tu seras célèbre pour être la fille qui a essayé de doubler Élise Dubois et qui a fini sa carrière avant même de l'avoir commencée. Tu ne trouveras même pas un travail pour habiller des mannequins en plastique dans une vitrine de province. C'est ma promesse. »
Elle se tourna une dernière fois vers Marc.
« Et quant à toi, mon cher associé, prépare tes avocats. Tu vas en avoir besoin. »
Sur ces mots, elle tourna les talons et quitta le bureau, laissant derrière elle un silence de mort, un homme brisé et une jeune femme dont le rêve venait de se transformer en cauchemar. La guerre n'était plus froide. Elle était totale.