L'Humiliation et la Vengeance
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Chapitre 1

La musique était forte, les verres de champagne s'entrechoquaient et les rires remplissaient le grand salon de la villa Dubois. C'était l'anniversaire de ma grand-mère, quatre-vingts ans, une célébration qui avait rassemblé tout ce que notre monde comptait de familles importantes.

Je me tenais près du buffet, mon bras passé autour de la taille de ma fiancée, Chloé Martin. L'héritière de l'empire du parfum Martin. Notre mariage, prévu dans trois mois, était la fusion de deux dynasties : les horlogers Dubois et les parfumeurs Martin. Une alliance parfaite, disait tout le monde.

Mon grand-père, le patriarche de notre famille, observait la scène depuis son fauteuil, un sourire satisfait aux lèvres. Tout était en ordre. L'honneur de la famille était assuré.

Soudain, la musique s'est arrêtée.

Un silence s'est installé, lourd et inconfortable. Tous les regards se sont tournés vers la petite estrade où l'orchestre jouait quelques instants plus tôt.

Chloé s'était dégagée de mon étreinte. Elle était montée sur l'estrade, un micro à la main.

Mon premier réflexe a été la confusion. Ce n'était pas prévu.

« Bonsoir à tous », a-t-elle commencé, sa voix résonnant étrangement dans le silence. « Je vous remercie d'être venus si nombreux pour célébrer l'anniversaire de Madame Dubois. »

Elle a marqué une pause, son regard balayant l'assemblée avant de se poser sur moi. Son expression était froide, déterminée.

« J'ai aussi une annonce personnelle à faire. Une annonce importante. »

Un murmure a parcouru la salle. Je sentais le regard de mon grand-père peser sur moi.

« Louis », a-t-elle dit, et mon nom a sonné comme une accusation. « Notre mariage est annulé. Je romps nos fiançailles. Ici et maintenant. »

Le choc a été physique. J'ai senti le sang quitter mon visage. Autour de moi, les murmures se sont transformés en exclamations stupéfaites. C'était un cauchemar. Une humiliation publique, calculée.

Mais Chloé n'avait pas fini.

Elle a fait un signe vers l'entrée du salon. Un homme est apparu, grand, vêtu d'un uniforme de chauffeur. C'était Marc Lefevre, son chauffeur. Il l'a rejointe sur l'estrade.

« Je ne peux pas épouser Louis », a poursuivi Chloé, en prenant la main de Marc. « Parce que je suis amoureuse d'un autre homme. Je suis amoureuse de Marc. »

Elle a tourné son visage rayonnant vers le chauffeur.

« Marc n'a pas de fortune, il n'a pas de nom de famille prestigieux. Mais il a quelque chose que toute la richesse de Louis ne pourra jamais acheter : une pureté d'âme. Il est vrai, il est authentique. Avec lui, je me sens vivante. Je me libère enfin de ce monde de superficialité et d'arrangements financiers. »

Chaque mot était une claque. Elle ne se contentait pas de rompre avec moi, elle me dénigrait, elle insultait ma famille, nos traditions, tout ce que nous représentions. Elle nous jetait à la face son mépris, déguisé en une prétendue quête d'authenticité.

J'étais paralysé, incapable de bouger ou de parler.

Puis, un cri rauque a déchiré l'air.

« TRAÎTRESSE ! »

Mon grand-père. Il s'était levé de son fauteuil, le visage rouge de fureur. C'était un homme de quatre-vingt-cinq ans, mais à cet instant, il semblait posséder la force d'un taureau. Il a attrapé une lourde canne en bois posée à côté de lui et s'est élancé vers l'estrade.

« Je vais te tuer ! Toi et ton amant de bas étage ! Vous avez déshonoré ma famille ! »

Mon père et mes oncles se sont précipités pour le retenir. Il se débattait, les yeux injectés de sang, brandissant sa canne en direction de Chloé et de son chauffeur. C'était une scène de chaos absolu.

Marc Lefevre a rapidement placé Chloé derrière lui, jouant le rôle du protecteur. Il levait une main apaisante, comme pour calmer une bête sauvage.

« S'il vous plaît, Monsieur Dubois, calmez-vous », a-t-il dit d'une voix faussement posée.

Chloé se blottissait contre lui, le visage enfoui dans son dos, jouant la victime effrayée. Mais je pouvais voir le triomphe dans ses yeux quand elle a jeté un regard furtif dans ma direction.

« Vous voyez ? » a-t-elle crié pour que tout le monde l'entende. « C'est de cette violence que je fuis ! De cette obsession pour l'honneur et l'argent ! Marc m'offre l'amour, le vrai ! C'est quelque chose que vous ne comprendrez jamais, Louis ! »

Sa voix était pleine de mépris. Elle me jugeait, me condamnait devant une centaine de témoins qui, il y a dix minutes à peine, me félicitaient pour mes fiançailles. L'humiliation était totale, profonde, insupportable. Mon poing s'est serré jusqu'à ce que mes ongles s'enfoncent dans ma paume. Le silence était revenu, mais cette fois, il était rempli de pitié et de curiosité malsaine. Ma vie venait de basculer en direct.

            
            

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