Douleur d'Hier, Amour de Demain
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Chapitre 3

Alexandre a regardé Marc droit dans les yeux, son propre visage une toile vide de toute émotion.

« Merci pour le conseil. »

Sa voix était plate. Il s'est détourné sans un mot de plus et s'est éloigné dans le couloir, laissant Marc surpris par son calme apparent. En marchant, chaque pas était lourd. Il a compris. Sophie n'aimait pas les guerriers comme lui, sales et brisés. Elle aimait les princes, propres et parfaits, comme Marc. L'image de Sophie et Marc, seuls dans le salon, lui revenait sans cesse, une torture visuelle. Le cœur d'Alexandre était en miettes.

Le lendemain, Sophie est venue le trouver comme si de rien n'était.

« On va au stand de tir. Faut qu'on s'entraîne. »

C'était leur routine. Alexandre n'avait aucune envie d'y aller, mais refuser aurait provoqué une autre scène, et il était trop fatigué pour ça. Il a hoché la tête et l'a suivie en silence. Il voulait juste que cette mission se termine pour pouvoir disparaître de sa vie pour de bon. Il se contenterait d'être son collègue jusqu'à la fin. Rien de plus.

Ils étaient en train d'ajuster leurs cibles quand ils ont entendu une voix familière.

« Tiens, tiens. Je peux me joindre à vous ? »

Marc Fournier se tenait à l'entrée du stand de tir, un sourire charmeur aux lèvres. Sophie s'est immédiatement illuminée.

« Marc ! Qu'est-ce que tu fais là ? Tu devrais être dans la zone sécurisée. »

Sa voix était pleine d'une inquiétude faussement autoritaire. C'était presque comique. Alexandre a détourné le regard, un rictus amer sur le visage. Voilà la grande professionnelle, prête à briser toutes les règles pour son coup de cœur. Lui qui avait risqué sa vie pour elle d'innombrables fois n'avait jamais eu droit à une telle sollicitude.

« Je m'ennuyais, » a répondu Marc avec un haussement d'épaules désinvolte. « J'ai pensé que je pourrais apprendre une ou deux choses. »

C'est à ce moment-là qu'une idée folle et désespérée a germé dans l'esprit d'Alexandre. Une idée stupide, née de la douleur et du besoin de la blesser comme elle l'avait blessé. Il voulait lui arracher ce regard d'adoration qu'elle portait à Marc. Il s'est tourné vers eux, un sourire étrange sur les lèvres.

« En fait, Marc, je ne suis pas sûr que ce soit le bon moment. »

Sophie l'a fusillé du regard.

« Et pourquoi pas ? »

Alexandre a pris une inspiration.

« Parce que j'ai quelque chose d'important à annoncer à Sophie. Et je pense que ça devrait se faire en privé. »

Il a marqué une pause, savourant la confusion sur leurs visages. Puis, il a lâché la bombe.

« Je suis gay. »

Un silence de mort s'est abattu sur le stand de tir. Sophie le dévisageait, la bouche entrouverte, complètement abasourdie. Marc, après un instant de surprise, a eu du mal à cacher un sourire amusé. Alexandre s'est senti un peu mieux. C'était une vengeance mesquine, pathétique, mais c'était tout ce qu'il lui restait. Il mentait pour préserver les derniers lambeaux de sa fierté. Il préférait qu'elle pense qu'il n'avait jamais été intéressé par elle, plutôt que de la laisser savourer le fait qu'elle l'avait rejeté et brisé. C'était sa façon de lui dire : "Tu ne m'as jamais rien fait, parce que tu n'as jamais compté."

Marc a été le premier à réagir.

« Oh. Eh bien... félicitations, je suppose ? Je vais vous laisser alors. »

Il a jeté un regard amusé à Sophie, puis s'est éclipsé, visiblement ravi de ce rebondissement inattendu. Sophie était toujours sous le choc.

« Quoi ? Mais... depuis quand ? »

Alexandre a essayé de l'empêcher de poser plus de questions.

« Ça n'a pas d'importance. Je voulais juste que tu le saches. »

Mais Sophie, réalisant que Marc était parti, est devenue furieuse.

« Attends ! Marc ! Ce n'est pas vrai ! »

Elle s'est précipitée hors du stand de tir pour le rattraper. Alexandre l'a suivie à distance, curieux de voir comment elle allait gérer la situation. Il s'est caché derrière un mur et a observé la scène.

Sophie a attrapé le bras de Marc.

« Marc, attends. Il ment. Je ne sais pas pourquoi il a dit ça, mais c'est un mensonge. »

Marc s'est retourné, un sourire enjôleur sur le visage.

« Vraiment ? Et comment tu peux en être si sûre ? »

Sophie a semblé désemparée. Elle a rougi, ce qui était extrêmement rare pour elle.

« Parce que... parce que je le connais. Et... et parce que... je crois qu'il est amoureux de moi. »

L'aveu était sorti dans un souffle, timide et incertain. Marc a ri doucement.

« Alors il a menti pour te rendre jalouse ? C'est mignon. Mais ça ne change rien au fait que c'est toi qui m'intéresse, Sophie. »

Il s'est approché d'elle, a pris son visage entre ses mains et l'a embrassée. Sophie a répondu à son baiser avec une ardeur qui a tordu les entrailles d'Alexandre.

Soudain, un groupe d'autres gardes du corps est passé dans le couloir. Voyant la scène, ils se sont arrêtés, gênés. Marc s'est écarté de Sophie et, réalisant qu'il avait un public, il a décidé de clarifier les choses pour de bon. Il a pointé un doigt accusateur vers Alexandre, qui était sorti de sa cachette.

« C'est lui ! Il vient de faire une scène ridicule en prétendant être gay pour attirer l'attention ! C'est pathétique ! »

La voix de Marc était forte et méprisante. Tous les regards se sont tournés vers Alexandre. Sophie, prise au piège entre sa fierté et son désir pour Marc, n'a rien dit. Elle a laissé Marc humilier publiquement l'homme qui avait partagé sa vie pendant plus de dix ans. Pour Alexandre, ce fut le coup de grâce.

            
            

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