Chapitre 4

En rentrant, je me suis assise sur le canapé, le certificat de mariage posé sur la table basse comme un trophée. J'ai repensé à ma vie antérieure. À quel point j'avais été stupide.

Chloé m'avait montré des photos de Marc avec une femme. Des photos floues, prises de loin. Des montages, je le savais maintenant. Elle avait créé de faux comptes sur les réseaux sociaux pour m'envoyer des messages anonymes, pleins d'insinuations. Et moi, j'avais tout gobé. Ma confiance en ma "meilleure amie" était si aveugle que je n'avais même pas remis en question l'authenticité de ses "preuves".

Cette fois, la seule preuve qui comptait était ce papier officiel.

J'ai appelé mes parents.

« Maman ? J'ai une nouvelle un peu... inattendue. »

« Ne me dis pas que tu es enceinte ! » a-t-elle gloussé.

« Non, mieux que ça. Je me suis mariée. »

Il y a eu un blanc, puis des cris de joie. Mes parents adoraient Marc. Ils étaient des gens simples, bienveillants, qui ne voulaient que mon bonheur. Ils ont été surpris par la précipitation de l'événement, mais ravis du résultat.

« Il faut fêter ça ! Et présenter officiellement Marc à la famille de ton père ! On pourrait organiser un grand déjeuner ce week-end ? »

« C'est une excellente idée, maman. »

Les parents de Marc ont réagi de la même manière. Leurs familles se connaissaient de loin, deux familles d'affaires respectées. Cette union était une évidence pour tout le monde. Un déjeuner a été fixé pour le samedi suivant, dans un restaurant chic que mes parents aimaient bien.

Tout semblait se mettre en place. Une nouvelle vie, solide et protégée. Mais je savais que Chloé ne resterait pas inactive.

Le jour du déjeuner de famille, j'étais nerveuse. Non pas à cause de la rencontre, mais parce que je sentais l'ombre de Chloé planer. J'avais choisi une robe simple mais élégante. Marc, à mes côtés, était l'image même du gendre parfait. Nos parents respectifs discutaient joyeusement, enchantés par cette union soudaine mais bienvenue.

Nous étions en train de commander l'apéritif quand la porte du restaurant s'est ouverte à la volée.

Chloé était là.

Elle avait les yeux rouges, les cheveux en désordre. Elle portait les mêmes vêtements que la veille, comme si elle n'avait pas dormi. Elle a balayé la salle du regard et m'a repérée.

Son visage s'est tordu de haine.

Elle a marché droit sur notre table, ignorant les regards choqués des autres clients et du personnel.

« Alice ! » a-t-elle craché, sa voix rauque.

Mon père s'est levé. « Mademoiselle, je crois que vous vous trompez de... »

« Toi, la ferme ! » a-t-elle hurlé en le pointant du doigt. « Mon affaire est avec cette voleuse ! »

Elle s'est tournée vers moi, le corps tremblant de fureur. « Comment oses-tu ? Comment oses-tu parader ici, avec lui, après ce que tu m'as fait ? »

Marc s'est interposé. « Chloé, ça suffit. Tu es en train de te ridiculiser. Pars, s'il te plaît. »

Sa présence n'a fait qu'attiser sa rage. Elle l'a repoussé violemment.

« Ne me touche pas, traître ! C'est elle qui t'a monté contre moi ! »

Elle s'est jetée sur moi, essayant d'agripper mon bras. « Tu vas venir avec moi ! Tu vas tout annuler ! Il est à moi ! »

Son geste était si soudain, si violent, que j'ai failli perdre l'équilibre. Mais la peur avait été remplacée par une colère froide. Je me suis dégagée d'un coup sec.

Au lieu de me recroqueviller, j'ai fait le contraire. Je me suis levée et j'ai crié, assez fort pour que tout le restaurant entende.

« Au secours ! À l'aide ! Cette femme est folle ! Elle me harcèle depuis des jours ! Je ne la connais pas ! Appelez la sécurité ! »

Les mots "je ne la connais pas" ont eu l'effet d'un coup de poignard. Le visage de Chloé s'est décomposé, passant de la fureur à une incrédulité totale. Les murmures ont commencé à s'élever dans la salle. Le directeur du restaurant se précipitait vers notre table.

J'avais transformé sa scène en mon propre théâtre. Et elle en était la seule actrice ridicule.