Le Pari Cruel: Chute d'un Amant
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Chapitre 4

En fouillant dans mes affaires, j'ai remarqué quelque chose. Ou plutôt, l'absence de quelque chose. Il n'y avait aucune photo de nous. Pas une seule. J'y ai réfléchi. C'est moi qui avais essayé d'en mettre, mais il trouvait toujours une excuse. "Je n'aime pas les photos, Manon." "Ça fait désordre." "On n'a pas besoin de ça pour savoir qu'on s'aime." La vérité, c'est qu'il n'avait jamais voulu laisser de trace de cette vie. Pour lui, cet endroit n'avait jamais été un foyer. C'était une simple étape de son jeu cruel.

Un frisson m'a parcourue. Mon médaillon. Un petit médaillon en or, simple, que ma grand-mère m'avait donné. C'était la seule chose de valeur sentimentale que j'avais gardée. Je l'avais enlevé un jour pour travailler et je l'avais posé sur la table de chevet. Je l'avais oublié là. Je devais le récupérer. C'était hors de question que je lui laisse ça.

Je suis redescendue dans la boutique. La porte était entrouverte. La lumière était allumée. Mon cœur s'est mis à battre plus fort. Il ne devait pas être rentré si tôt. J'ai poussé la porte doucement.

Ce n'était pas Antoine. C'était Cédric. Il était affalé sur une chaise, une bouteille de bière à la main, les pieds sur une caisse de tulipes fraîches. Il a levé les yeux vers moi, un sourire mauvais aux lèvres.

« Tiens, tiens. La petite fleuriste est de retour. Antoine m'a envoyé récupérer le fric. Il a dit que tu le gardais dans une boîte. »

Je l'ai regardé, sans un mot, en serrant la boîte en fer contre moi.

« Alors, c'est ça, le trésor ? » a-t-il dit en se levant. Il s'est approché, son haleine sentait l'alcool. « Donne-moi ça, ma jolie. Tu n'en auras plus besoin. »

« C'est mon argent, » ai-je répondu, ma voix plus ferme que je ne l'aurais cru. « Dégage d'ici. »

Il a ri. Un rire gras et insultant.

« Ton argent ? C'est l'argent que tu as gagné grâce à la pitié d'Antoine. Tu devrais le remercier. Sans lui, tu ne serais rien. Juste une danseuse sur le déclin. Au moins, là, tu sers à quelque chose. »

Il a fait un pas de plus, son regard lubrique parcourant mon corps.

« Mais maintenant qu'Antoine en a fini avec toi... peut-être que tu pourrais me rendre service. Je suis sûr qu'on pourrait trouver un arrangement. »

Il a tendu la main pour me toucher le bras. À cet instant, quelque chose a cédé en moi. Toute la rage, toute l'humiliation, toute la douleur des dernières heures ont convergé en un point unique. Mon corps a réagi avant mon esprit. C'était un réflexe, un mouvement appris, répété des milliers de fois à la barre. Précision. Contrôle. Force.

Ma main s'est abattue sur son poignet, bloquant son geste. D'un mouvement de torsion rapide, j'ai utilisé son propre élan contre lui. Il a poussé un cri de surprise et de douleur. J'ai pivoté, mon autre main le frappant à la base du cou, un point de pression précis. Il s'est effondré à genoux, le souffle coupé, les yeux exorbités par le choc. Il ne s'attendait pas à ça. Personne ne s'attend jamais à ce qu'une "fleuriste" ou une "danseuse" puisse être forte. Ils voient la grâce, pas les muscles d'acier qu'elle cache.

Il m'a regardée depuis le sol, un mélange de peur et de haine dans les yeux.

« Pute... » a-t-il haleté. « Tu vas le payer. Tu sais qui est Antoine ? Tu sais qui est sa famille ? Il va te détruire... »

Il s'est interrompu, incapable de finir sa phrase, la main sur sa gorge endolorie. La menace est restée en suspens, mais elle n'avait plus aucun effet sur moi. J'avais déjà été détruite. Je n'avais plus rien à perdre.

                         

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