Reine Déchue, Revanche Servie Froid
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Chapitre 3

Les jours suivants ont été un jeu constant du chat et de la souris. Ma belle-mère et Isabelle essayaient de trouver des preuves de la "vraie" fortune, tandis que je continuais à leur présenter de nouvelles "dettes" et des "créanciers" de plus en plus menaçants. Elles étaient furieuses, mais impuissantes.

Pendant ce temps, je mettais mon propre plan à exécution. Je savais que je ne pourrais pas tenir ce rôle éternellement. Ma seule issue était de m'échapper, mais pas en tant que fugitive. Je devais partir avec l'approbation d'une autorité supérieure, une autorité que même ma belle-famille n'oserait pas défier : la Reine.

Jean-Luc, en tant qu'explorateur de renom, avait reçu son titre et ses terres directement du Roi. Sa "mort" était une affaire d'État, même si elle semblait mineure.

J'ai donc écrit une lettre, non pas au Roi, mais à la Reine. Les femmes comprennent les femmes. Je savais que la Reine, connue pour sa piété et sa bienveillance, serait plus sensible à ma situation.

Dans ma lettre, je me présentais comme une veuve éplorée et dévouée. Je déclarais que, en l'honneur de la mémoire de mon mari, je souhaitais renoncer à son titre de noblesse et rendre ses terres à la Couronne. Je ne demandais rien en retour, si ce n'est une humble faveur.

C'était un coup de poker. Renoncer à un titre et à des terres était un acte d'humilité et de loyauté extrême, presque sans précédent. Je pariais que cela attirerait l'attention de la Reine. La faveur que je demandais était simple : une place de dame de compagnie à la cour pour moi, afin que je puisse élever ma fille dans un environnement sûr et pieux, loin des "soucis du monde".

Loin de ma belle-famille toxique.

J'ai envoyé la lettre par un messager de confiance, puis j'ai attendu.

L'attente était la partie la plus difficile. La tension dans la maison était à son comble. Un après-midi, je suis revenue de ma promenade quotidienne et j'ai trouvé Marie en larmes dans le couloir.

Il y avait une marque rouge vif sur sa joue.

Mon sang n'a fait qu'un tour.

"Marie, qui t'a fait ça ?" ma voix était un murmure glacé.

Elle a pleuré plus fort, pointant du doigt le salon.

"C'est grand-mère. J'ai dit que... que l'oncle Jean-Luc ressemblait à papa. Elle s'est fâchée. Elle a dit que papa est mort et que je suis une menteuse."

Une rage noire et brûlante a envahi chaque parcelle de mon être. Frapper un enfant. Mon enfant. Pour avoir dit la vérité.

J'ai pris Marie dans mes bras, la berçant doucement.

"Ça va aller, mon trésor. Ça va aller. Bientôt, nous partirons d'ici. Je te le promets."

À cet instant, j'ai su que je ne pouvais plus reculer. S'ils pouvaient faire ça à une enfant de cinq ans, ils étaient capables de tout.

Jean-Luc est entré dans la pièce à ce moment-là. Il a vu la marque sur la joue de Marie et son visage s'est durci, mais pas de compassion. De contrariété.

"Qu'est-ce qui s'est encore passé ?"

"Ta mère a frappé ta fille," ai-je répondu froidement.

Il a soupiré, agacé.

"Jeanne, tu dois mieux contrôler l'enfant. Elle ne peut pas continuer à dire des bêtises. Les gens vont commencer à se poser des questions."

Le voir là, se souciant uniquement de la solidité de son mensonge alors que sa propre fille avait été blessée à cause de lui, a ravivé ma haine.

"C'est toi, le problème. Toi et tes mensonges," ai-je chuchoté pour que seule lui puisse entendre.

Il m'a attrapé le bras, sa poigne de fer.

"Fais attention à ce que tu dis. N'oublie pas que tu es une veuve sans le sou. Ta survie et celle de ta fille dépendent de notre bonne volonté."

Je l'ai regardé droit dans les yeux. "Ma survie ne dépendra plus de vous très longtemps."

Il a ri, un rire méprisant. "Et où comptes-tu aller ? Personne ne voudra d'une folle et de son enfant."

Ce soir-là, alors que la maison était silencieuse, je n'arrivais pas à dormir. Je me suis levée pour aller chercher un verre d'eau. En passant devant la porte du bureau, qui était légèrement entrouverte, j'ai entendu des voix. Celles de Jean-Luc et d'Isabelle.

Je me suis arrêtée, le cœur battant.

"Je n'en peux plus de cette comédie," disait Isabelle. "Et cette gamine qui n'arrête pas de parler... Quand est-ce que Jeanne va enfin partir ?"

"Patience, mon amour," répondit la voix de Jean-Luc, douce et caressante. "Bientôt. Une fois que nous aurons mis la main sur l'argent, nous trouverons un moyen de nous débarrasser d'elle pour de bon."

Puis la voix d'Isabelle est devenue plus basse, presque un murmure de conspiration.

"Et pour le bébé ? Je ne pourrai plus cacher mon ventre très longtemps. Les gens vont se demander comment la veuve du frère de Jean-Luc peut être enceinte si peu de temps après sa mort."

Mon souffle s'est coupé dans ma gorge.

Un bébé.

Ils avaient déjà un enfant en route. Isabelle était enceinte de Jean-Luc avant même qu'il ne simule sa mort.

Jean-Luc a ri doucement.

"Ne t'inquiète pas pour ça. Nous dirons que c'est un miracle. Ou nous nous marierons rapidement, en prétextant que c'est pour honorer la mémoire de mon frère et prendre soin de sa veuve. Les gens sont stupides. Ils croiront n'importe quoi."

Je me suis appuyée contre le mur froid du couloir, le monde tournant autour de moi. La trahison était encore plus profonde, plus sale que je ne l'avais imaginé. Ce n'était pas une décision impulsive. C'était un plan méticuleusement préparé, basé sur la tromperie, la cupidité, et une cruauté sans limites.

J'ai serré les poings.

Ils n'allaient pas s'en tirer comme ça. Je ne le permettrais pas.

                         

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