L'Éveil d'une Âme Libre
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Chapitre 3

Le lendemain matin, il a essayé d'être gentil.

Il m'a apporté le petit-déjeuner au lit.

Un croissant un peu brûlé et un café trop fort.

Un geste qu'il n'avait pas fait depuis des années.

Il a posé le plateau sur mes genoux et s'est assis au bord du lit.

Il avait l'air d'un enfant pris en faute.

"Je voulais te donner ça," a-t-il dit en sortant une petite boîte de sa poche.

Il l'a ouverte.

À l'intérieur, il y avait un collier. Une chaîne fine en argent avec un petit pendentif en forme de plume.

"C'est pour toi. Pour me faire pardonner."

J'ai regardé le collier.

C'était joli, mais c'était vide de sens.

La plume. Le symbole de l'écrivain. Son symbole à lui.

Même son cadeau parlait de lui.

"Merci," ai-je dit d'une voix neutre.

Je n'ai pas touché la boîte.

Il a attendu. Il attendait que je le prenne, que je le mette autour de mon cou, que je lui sourie.

Que je lui pardonne.

Mais je ne pouvais pas.

Le vide en moi était trop grand.

"Tu ne l'aimes pas ?" a-t-il demandé, son ton commençant déjà à changer.

L'impatience pointait sous la fausse douceur.

"Il est très beau," ai-je menti.

"Alors mets-le."

"Pas maintenant, Paul. Je n'en ai pas envie."

J'ai repoussé doucement le plateau.

"Je ne vais pas le manger. Je n'ai pas faim."

J'ai refermé la boîte et je la lui ai tendue.

"Garde-le. Ou donne-le à Sophie. Elle appréciera sûrement plus que moi."

Le masque est tombé.

Son visage s'est durci.

"Arrête avec ça, Jeanne. Arrête d'être si... dramatique."

"Dramatique ? J'ai perdu notre enfant hier, Paul. Et tu étais avec elle. Qu'est-ce qu'il y a de dramatique là-dedans ?"

Il s'est levé, a commencé à faire les cent pas dans la chambre.

"Je t'ai déjà dit que j'étais désolé ! Qu'est-ce que tu veux de plus ? Que je m'agenouille ?"

Il s'est arrêté devant moi.

"Écoute. J'ai besoin de quelque chose."

Voilà. On y était.

Le cadeau, les excuses, tout ça n'était qu'un prélude.

"Sophie a une opportunité incroyable. Un éditeur suisse est intéressé par son projet. Mais il faut qu'elle aille le voir à Genève. La semaine prochaine."

Je n'ai rien dit. J'attendais la suite.

"On n'a pas l'argent pour le voyage. J'ai pensé... tu sais, la broche de ta grand-mère. Celle que tu ne mets jamais."

La broche de ma grand-mère.

Un bijou de famille, le seul objet de valeur que je possédais.

Il voulait que je la vende.

Pour financer son voyage à Genève avec sa maîtresse.

J'ai éclaté d'un rire sans joie.

Un rire froid et amer.

"Tu es incroyable."

Il n'a pas compris.

"Quoi ? C'est juste une broche. Ça nous aiderait tous les deux. Si Sophie signe ce contrat, elle aura de l'argent. Elle pourra nous aider."

"Nous aider ?"

"Oui, nous. Je pourrai enfin finir mon roman sans me soucier des factures."

J'ai repensé à toutes les fois où je l'avais soutenu.

Les heures supplémentaires que j'avais faites pour payer le loyer.

Les vacances que nous n'avions jamais prises.

Mes propres rêves de peintre, mis de côté pour qu'il puisse poursuivre les siens.

Et maintenant, il voulait que je sacrifie le dernier souvenir de ma grand-mère pour sa muse.

Sa muse qui, je le savais, était une femme manipulatrice qui se servait de son admiration pour faire avancer sa propre carrière.

J'ai regardé Paul, vraiment regardé.

Pas l'écrivain tourmenté que j'avais idéalisé.

Juste un homme. Un homme faible, égoïste et cruel.

"Non," ai-je dit.

            
            

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