Renaissance d'une Âme Perdue
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Chapitre 4

Je me suis assise à ma place désignée, une petite table en bois dans une rangée silencieuse d'autres étudiants anxieux. L'air était lourd d'anticipation. Les surveillants distribuaient les copies, leurs pas feutrés résonnant dans la grande salle. J'ai essayé de me concentrer, de calmer les battements de mon cœur, mais mon esprit était ailleurs. Il était avec cette pauvre créature piégée dans le corps de Léa.

Alors que j'attendais le signal pour commencer, j'ai entendu deux surveillants discuter à voix basse près de la porte. Leurs mots flottaient jusqu'à moi, des bribes de conversation inquiètes.

« Tu as vu la candidate de la salle 201 ? La fille, Léa... quelque chose. »

« Comment la rater ? Elle a essayé de grimper sur le bureau du professeur. C'est du jamais vu. »

Le premier surveillant a secoué la tête, l'air incrédule.

« Sa mère dit que c'est une crise d'angoisse extrême. Mais franchement, ça ne ressemble pas à une crise d'angoisse. Elle a grogné contre moi quand je lui ai demandé de s'asseoir. Grogné ! Comme un animal. »

« Et tu as vu ses yeux ? Elle ne regarde rien de la même manière que nous. Elle suit les mouvements, les lumières... C'est vraiment étrange. On a dû la mettre dans une salle d'isolement avec un surveillant dédié, juste pour qu'elle ne perturbe pas tout le monde. C'est un vrai cirque. »

Chaque mot confirmait ma terrible déduction. C'était bien Mistigri. Le pauvre chat, habitué à chasser les ombres et les insectes, était maintenant bombardé par les stimulations d'un environnement humain, son esprit félin incapable de traiter le flot d'informations. Les lumières vives, les bruits soudains, les dizaines de personnes immobiles... pour lui, ce devait être un enfer.

Une douleur sourde s'est installée dans ma poitrine. C'était de ma faute. Indirectement, mais c'était de ma faute. Si j'avais bu la potion, c'est moi qui serais dans ce corps de chat, et Léa serait dans le mien. L'ordre tordu de leur plan aurait été respecté. Mais en me sauvant, j'avais condamné Mistigri à ce sort. La culpabilité m'a rongée, une culpabilité non pas envers Léa ou Geneviève, mais envers cet être innocent qui payait le prix de ma survie.

Je me suis forcée à repousser ces pensées. Je ne pouvais rien faire pour lui maintenant. Me lamenter ne changerait rien à sa situation et ne ferait que saboter ma propre épreuve. Je devais me concentrer. Je devais réussir ce concours. C'était la seule façon de m'assurer que la justice soit faite, la seule façon de garantir que Geneviève et Léa ne s'en sortent pas indemnes. Ma réussite était la première étape de leur défaite.

Je me suis accrochée à cette idée, l'utilisant comme un bouclier contre la culpabilité. Je suis ici pour moi, mais aussi pour venger ce qu'elles ont fait. Ce qu'elles m'ont fait, et ce qu'elles ont fait à ce pauvre animal.

Le surveillant en chef a tapé dans ses mains.

« Vous pouvez retourner vos copies. L'épreuve commence maintenant. Vous avez quatre heures. Bonne chance à tous. »

Un silence total est tombé sur la salle, seulement brisé par le froissement de centaines de feuilles de papier. J'ai pris une profonde inspiration, j'ai retourné ma copie et j'ai lu la première question. Mon esprit, aiguisé par des années d'étude et une nouvelle détermination, s'est mis au travail.

Mais alors que je commençais à écrire, un bruit sourd a traversé le silence. Un fracas, venant de loin, suivi d'un cri strident et inhumain.

Le bruit venait de la direction de la salle 201.

Puis un autre cri, plus proche d'un miaulement de colère que d'une voix humaine. Des bruits de course dans le couloir. Des portes qui claquent. La panique commençait.

Le chaos que j'avais anticipé venait de commencer, et il était bien plus bruyant que je ne l'avais imaginé.

                         

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