Renaissance d'une Âme Perdue
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Chapitre 3

Le lendemain matin, l'air du grand hall d'examen était électrique. Des centaines d'étudiants, le visage tendu par le stress et l'ambition, se pressaient vers les salles, leurs murmures créant une rumeur sourde. J'ai traversé la foule, me sentant étrangement calme. La peur qui m'avait paralysée dans ma vie précédente avait été remplacée par une détermination froide. Je connaissais déjà l'issue de cette journée, mais cette fois, le scénario serait différent.

J'ai repéré Geneviève et Léa près du tableau d'affichage des salles. Ma tante ajustait le col de la chemise de sa fille avec des gestes précis, son visage rayonnant d'une fierté anticipée. Mais quelque chose clochait. Léa avait l'air... absente. Ses yeux étaient vitreux, son corps légèrement avachi, comme une marionnette dont les fils seraient trop lâches. Elle ne réagissait pas aux encouragements de sa mère, fixant un point invisible sur le mur d'en face.

Dans ma vie précédente, à ce stade, Léa était dans mon corps, et elle était radieuse, vibrante d'une énergie volée. Qu'est-ce qui avait changé ? Mon refus de boire la potion avait-il enrayé leur plan à ce point ?

Alors que je les observais de loin, un homme est passé près d'elles, son trousseau de clés accroché à sa ceinture produisant un léger cliquetis métallique.

Soudain, la tête de Léa a pivoté brusquement vers le son. Ses pupilles se sont dilatées. Son corps s'est tendu comme un ressort. Avant que Geneviève ne puisse réagir, Léa a poussé un cri étrange, un son guttural qui n'avait rien d'humain.

« Grrrrr... hissss ! »

Elle a bondi en avant, essayant d'attraper les clés qui se balançaient, ses doigts crochus comme des griffes. Les gens autour se sont figés, leurs conversations s'interrompant net. Tous les regards se sont tournés vers la scène.

Geneviève, le visage blême de panique, a attrapé sa fille par le bras et l'a tirée en arrière avec force.

« Léa, qu'est-ce qui te prend ? Calme-toi ! » a-t-elle sifflé, sa voix tremblante de fureur contenue.

Léa s'est débattue, ses yeux toujours fixés sur les clés, un grognement bas s'échappant de sa gorge. C'était un comportement totalement animal.

Je me suis approchée doucement, feignant la surprise et l'inquiétude.

« Tata ? Léa ? Tout va bien ? »

Le regard de Geneviève s'est posé sur moi. La panique a laissé place à une confusion totale. Elle me voyait, Camille, en chair et en os, debout devant elle, alors que je devrais être en train de me réveiller dans le corps d'un chat. Son plan avait échoué. Mais elle ne comprenait pas comment, ni pourquoi. Et pire encore, sa propre fille se comportait comme une bête sauvage.

C'est là que j'ai compris. J'ai compris l'horrible vérité de ce qui s'était passé.

Quand j'ai refusé la potion, elles ont dû paniquer. Elles ne pouvaient pas simplement abandonner. Leur plan était déjà en marche. Alors, dans leur précipitation et leur stupidité, elles ont dû improviser. Elles avaient besoin d'une âme pour échanger avec la mienne. Et elles ont trouvé la première venue.

Mistigri.

Elles ont attrapé le chat que j'avais laissé dans la cuisine. Elles lui ont fait boire la potion, et elles l'ont fait boire à Léa. Elles n'ont pas échangé mon âme avec celle de Léa. Elles ont échangé l'âme de Léa avec celle de Mistigri.

La jeune femme qui se tenait devant moi, se débattant dans les bras de sa mère, n'était pas ma cousine. C'était un chat, terrifié et désorienté, piégé dans un corps humain qu'il ne comprenait pas. Et quelque part, dans la nature, ma cousine Léa était maintenant dans le corps d'un chat errant, vivant le cauchemar qu'elles m'avaient destiné.

Une vague de pitié m'a traversée, non pas pour Léa, mais pour l'animal innocent pris au piège de cette folie. Il n'avait rien demandé. Il était juste une victime de leur cruauté.

Geneviève m'a dévisagée, son esprit luttant pour assembler les pièces du puzzle. Elle ne pouvait pas admettre l'échec devant moi.

« Ce n'est rien, » a-t-elle dit d'une voix forcée, tirant Léa vers les toilettes. « Juste une petite crise de nerfs. Le stress du concours, tu comprends... »

Je l'ai regardée s'éloigner, traînant une "Léa" qui tentait de griffer le sol avec ses chaussures. Le chaos ne faisait que commencer.

Je me suis retournée et j'ai marché vers ma salle d'examen, le numéro 304. Mon nom était sur la liste, à côté de mon numéro de candidat. Tout était normal. Ma place m'attendait.

J'ai repensé à toutes les nuits blanches, à tous les livres que j'avais lus, à toutes les formules que j'avais mémorisées. Dans ma vie précédente, tout ce travail avait été volé. Aujourd'hui, j'allais le récupérer. J'allais passer ce concours, et j'allais le réussir. Non pas pour la gloire ou pour l'université, mais pour moi. Pour prouver que personne ne pouvait me prendre qui j'étais.

J'ai poussé la porte de la salle et je suis entrée. La bataille n'était pas finie, mais une chose était sûre : j'étais de retour dans le jeu. Et cette fois, je connaissais toutes les cartes de mes adversaires.

            
            

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