Chapitre 3

"Tu es folle, Chloé !" s'exclama sa mère, se levant d'un bond. "Laurent Ronsard ? Mais pourquoi ? C'est un homme froid, distant. On ne sait rien de lui ! Et il est l'oncle de ton... de cet individu !"

"C'est précisément pour ça, maman," répondit Chloé avec un calme qui contrastait avec l'agitation de sa mère. "Je ne peux pas accepter d'être la maîtresse d'Antoine. C'est une insulte à notre famille, à notre nom. En épousant Laurent, je deviens sa tante par alliance. Je serai au-dessus de lui et de cette Manon. C'est la seule façon de préserver notre honneur."

Sa mère la regardait, partagée entre l'admiration pour la détermination de sa fille et la peur des conséquences.

"Mais... il est si âgé. On dit qu'il a un caractère difficile."

"Je m'en moque," trancha Chloé. "Je ne regrette rien."

La porte du salon s'ouvrit brusquement. Antoine était là, le visage rouge de colère, et derrière lui, Manon, l'air triomphant.

"Alors c'est ça ! Tu cours te plaindre à ta mère comme une enfant !" lança Antoine à Chloé.

Il ne semblait même pas comprendre la profondeur de l'insulte qu'il lui avait faite. Pour lui, tout n'était qu'une question d'ego contrarié.

"Puisque c'est comme ça, rends-moi la bague de fiançailles. C'est un bijou de famille. Je t'enverrai un chèque en compensation pour le dérangement."

Chloé eut un rire bref et sans joie.

"Ma famille n'est pas si désespérée au point de s'accrocher à toi, Antoine. Garde ta compensation."

Manon s'avança, se balançant sur ses talons.

"Arrête de jouer la victime, Chloé. Tu es juste jalouse parce qu'Antoine m'a choisie. Mon père est bien plus riche que toutes vos vieilles familles réunies. Il va investir dans l'entreprise des Ronsard, et c'est moi qui apporterai une vraie valeur à cette famille, pas une brodeuse de nappes."

Chloé la regarda, stupéfaite par une telle bêtise. Manon venait de révéler publiquement les intentions de son père, un homme d'affaires aux méthodes douteuses. Elle venait de transformer un mariage d'amour présumé en une vulgaire transaction commerciale.

"Je vous souhaite une longue et heureuse vie," dit simplement Chloé, en se détournant d'eux.

Elle prit le bras de sa mère et la guida vers la sortie, laissant Antoine et Manon plantés au milieu du salon.

Dans la voiture qui les ramenait chez elles, la mère de Chloé était pâle.

"Ma chérie, es-tu sûre de toi ? Laurent est un homme puissant, c'est vrai, mais..."

"C'est pour ça que c'est le bon choix," la coupa Chloé. "Avec lui, personne n'osera plus jamais nous manquer de respect."

Trois jours plus tard, la nouvelle fit l'effet d'une bombe dans le tout-Paris. Le communiqué était laconique : les fiançailles entre Mademoiselle Chloé de Valois et Monsieur Antoine Ronsard étaient rompues d'un commun accord. Dans la même journée, un autre journal annonçait les fiançailles imminentes de Monsieur Antoine Ronsard avec Mademoiselle Manon Dubois.

Le scandale était à son comble.