Cent Morts Pour L'Amour
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Chapitre 4

Damien m'a jetée dans ma chambre et a claqué la porte.

Je l'ai entendu retourner immédiatement auprès de Chloé, sa voix passant de la colère à une inquiétude mielleuse.

« Chloé, ça va ? Elle ne t'a pas fait peur, j'espère ? Viens, je vais te préparer autre chose. »

J'ai souri amèrement. Rien n'avait changé.

Cette fois, je ne me suis pas contentée de m'asseoir et d'attendre. Je me suis levée et j'ai poussé la lourde armoire contre la porte. Je l'ai barricadée.

Je ne voulais plus le voir. Je ne voulais plus entendre sa voix.

Je voulais juste être seule, en attendant la fin.

Plus tard, j'ai entendu des coups à la porte.

« Éléonore, ouvre. »

C'était Damien. Sa voix était plus calme, mais toujours autoritaire.

Je n'ai pas répondu.

« Arrête de faire ta crise. Je sais que tu es contrariée. Ouvre la porte et on en parle. »

Il pensait que c'était une crise de jalousie. Que je faisais un caprice. Il ne comprenait rien. Il n'a jamais rien compris à ma souffrance.

Les coups sont devenus plus forts.

« Éléonore ! »

J'ai soupiré. Mourir était si difficile.

Il a dû penser que j'allais faire une autre tentative, car il a ajouté, d'un ton qui se voulait apaisant :

« J'ai apporté les médicaments pour ton allergie. Ouvre. »

J'ai entendu le bruit du loquet qu'il forçait. L'armoire a un peu bougé. Il était fort.

La porte s'est entrouverte. Il a passé la main, tenant une boîte de médicaments.

J'ai regardé sa main. La main qui m'avait poussée sous un camion. La main qui m'avait giflée. La main qui tenait maintenant un remède à un poison qu'il m'aurait laissée manger si ça l'avait arrangé.

J'ai reculé.

« Je n'en veux pas. »

Sa main s'est figée.

« Qu'est-ce que tu as dit ? »

« Je n'en veux pas, » ai-je répété, ma voix plus ferme. « Tue-moi, Damien. Ou laisse-moi mourir. Ou fais ce que Chloé a dit. Dissèque-moi. Fais ce que tu veux, mais finis-en. »

Un silence. Puis un rire froid.

« Te tuer ? Tu crois vraiment que je vais te laisser partir si facilement ? »

Il a retiré sa main.

« J'ai vu comment tu as regardé Chloé quand elle a parlé de son bébé. Tu es jalouse, n'est-ce pas ? »

Il m'a parlé à travers la fente de la porte, sa voix pleine de mépris.

« Tu es stérile, Éléonore. Tu ne peux pas me donner d'héritier. Mais Chloé, elle, le peut. Son corps est précieux. Et ton corps... ton corps a une autre utilité. »

Il a fait une pause.

« J'ai déjà contacté un laboratoire. Ils vont faire des recherches sur toi. Sur ton sang. Sur tes cellules. Ils pensent pouvoir extraire ton facteur de régénération. »

Mon cœur s'est arrêté.

« Imagine, Éléonore. Un sérum qui pourrait guérir n'importe quelle maladie, n'importe quelle blessure. Un sérum qui pourrait rendre les gens presque invincibles. Et tout ça grâce à toi. »

Il a ri de nouveau.

« Je vais te garder en vie. Je vais te faire prélever du sang tous les jours. Et si ça ne suffit pas, on passera à autre chose. Tu seras très utile. Pour moi, et pour Chloé. Pour notre enfant. »

Il a marqué une pause, savourant son pouvoir.

« Alors, sois sage. Arrête tes bêtises et repose-toi. Demain, le laboratoire t'attend. »

J'ai entendu ses pas s'éloigner.

Je suis restée dans le noir, le froid de ses paroles me glaçant plus que n'importe quelle eau sous pression.

Il n'allait pas me tuer. Il allait me transformer en bétail. Une source inépuisable de matériel de recherche. Une prison de chair et de sang pour l'éternité.

La mort n'était plus une libération à attendre.

C'était une évasion à planifier.

La centième mort. Je devais la provoquer. Et ce serait la dernière.

                         

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