Cent Morts Pour L'Amour
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Chapitre 3

Pendant que je nettoyais, Damien est entré. Il a regardé Chloé, puis moi.

« Chloé m'a dit que le chien t'avait rendue stérile », a-t-il dit d'un ton neutre, comme s'il parlait de la météo. « C'est dommage. Mais au moins, ça a prouvé que ton corps pouvait se régénérer de l'intérieur. C'était une expérience utile. »

Une expérience utile. Ma capacité à porter la vie, détruite, n'était qu'une "expérience utile" pour lui.

J'ai senti quelque chose se briser en moi. Ou peut-être que tout était déjà brisé depuis longtemps.

Je suis son jouet. Un objet d'étude. Rien de plus.

J'ai fini de nettoyer et je me suis levée. Je voulais aller dans ma chambre, m'isoler.

Mais en arrivant devant la porte de la maison principale, deux gardes du corps m'ont bloquée.

« Monsieur a dit que vous deviez être désinfectée avant d'entrer. Vous êtes couverte de sang et de saleté de la rue. »

Avant que je puisse réagir, l'un d'eux a pris un nettoyeur haute pression. Le genre qu'on utilise pour laver les voitures.

Il a dirigé le jet puissant sur moi.

L'eau glacée et la pression m'ont frappée avec une force incroyable. C'était comme être fouettée par des milliers d'aiguilles de glace. La peau de mes bras et de mes jambes est devenue rouge, puis a commencé à saigner sous la force du jet.

La douleur était intense, mais j'ai serré les dents.

Je n'ai pas crié. Je n'ai pas pleuré.

J'ai enduré.

Mon regard s'est tourné vers le ciel. La centième fois. La dernière mort. Elle approche. Laisse-la venir. Je suis prête.

Cette pensée m'a donné une force étrange. Une sorte de calme au milieu de la torture.

Après ce qui a semblé une éternité, ils ont arrêté. Je tremblais de froid et de douleur, ma peau à vif.

On m'a jeté une simple serviette et on m'a laissée entrer.

Dans le salon, Chloé était confortablement installée sur le canapé, sirotant une tisane. Elle m'a regardée avec un mélange de pitié feinte et de triomphe.

« Pauvre Éléonore, » a-t-elle dit. « Tu as l'air si mal en point. Tu sais, je me demandais... ton corps qui guérit tout le temps, c'est fascinant. On devrait peut-être te faire examiner par des scientifiques. Peut-être même te disséquer un peu, pour voir comment ça marche. Je suis sûre que Damien serait d'accord. Ce serait pour le bien de la science, après tout. »

Mon sang s'est glacé. Disséquer. L'idée était monstrueuse.

J'ai regardé Damien. Il n'a pas rejeté l'idée. Il est resté silencieux, son visage pensif. Il considérait la proposition.

Mon Dieu. Il y pensait vraiment.

Chloé a souri, voyant ma peur. Elle a pris une assiette sur la table.

« Oh, regarde ! Des litchis ! J'adore ça, mais j'ai lu que c'était mauvais pour les femmes enceintes. C'est dommage. »

Elle m'a regardée, un éclair de malice dans les yeux.

« Éléonore, tu n'es pas enceinte, toi. Pourquoi tu n'en mangerais pas un pour moi ? Juste pour me faire plaisir. »

Je suis mortellement allergique aux litchis. Une seule bouchée peut provoquer un choc anaphylactique fatal.

Damien et Chloé le savaient.

C'était un test. Ou plutôt, une invitation à mourir.

Normalement, j'aurais refusé. J'aurais enduré la punition qui s'ensuit.

Mais aujourd'hui était différent.

La dernière mort.

C'est peut-être elle.

Sans une hésitation, j'ai tendu la main, j'ai pris un litchi, je l'ai pelé et je l'ai mis dans ma bouche.

Le goût sucré a à peine touché ma langue avant que ma gorge ne commence à se serrer.

Chloé a eu un hoquet de surprise. Elle ne s'attendait pas à ce que j'obéisse si vite.

Je m'apprêtais à avaler quand une main violente m'a frappée au visage.

Clac !

La gifle était si forte que ma tête a heurté le mur. Le fruit est tombé de ma bouche.

Damien se tenait devant moi, le visage déformé par la fureur.

« Tu essaies de mourir ? » a-t-il crié.

Il a attrapé ma mâchoire.

« Qui t'a donné la permission de mourir ? Ta vie m'appartient. Tu ne meurs que quand je le décide. C'est clair ? »

Il m'a attrapée par la nuque, comme on attrape un chaton désobéissant, et m'a traînée vers ma chambre. Sa poigne était de fer, sa colère palpable.

Il était furieux. Pas parce qu'il s'inquiétait pour moi. Mais parce que j'avais essayé de lui enlever son jouet.

            
            

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