La Seconde Chance Retrouvée
img img La Seconde Chance Retrouvée img Chapitre 2
3
Chapitre 5 img
Chapitre 6 img
Chapitre 7 img
Chapitre 8 img
Chapitre 9 img
Chapitre 10 img
img
  /  1
img

Chapitre 2

Le dégoût que j'éprouvais pour Marc était une chose physique, une boule dans mon estomac qui refusait de disparaître. Chaque souvenir de ma vie passée avec lui était une torture. Je me rappelais les innombrables sacrifices que j'avais faits pour lui, abandonnant ma propre carrière d'artiste pour soutenir la sienne, pour être la "femme parfaite" à son bras. J'avais organisé ses dîners, flatté ses clients, géré son image, tout ça pour qu'au final, il me jette comme un déchet.

Sa famille n'était pas mieux. Les Fournier étaient l'incarnation de la bourgeoisie snob et avare. Ils me méprisaient ouvertement, me considérant comme une simple "artiste", pas assez bien pour leur précieux fils. Ils souriaient en public mais me lançaient des piques assassines en privé. Je me souvenais d'un dîner où sa mère m'avait dit, avec un sourire mielleux, que l'art était une "jolie passion, mais pas un vrai métier". J'avais souri et acquiescé, comme toujours. Plus jamais.

Perdue dans ces pensées amères, je n'ai pas remarqué que quelqu'un s'était approché de moi dans le jardin.

"Vous devriez boire un peu d'eau. Le champagne peut parfois monter à la tête."

J'ai sursauté et me suis retournée. C'était Thomas Bernard. Il me tendait un verre d'eau, son expression douce et inquiète. Dans ma vie précédente, j'avais à peine échangé quelques mots avec lui. Il était toujours en retrait, observateur, presque intimidant dans son intelligence silencieuse.

"Merci," ai-je murmuré, en prenant le verre. Mes doigts ont effleuré les siens et j'ai senti une chaleur inattendue.

"Vos analyses sur le travail de mon père sont les plus justes que j'aie jamais lues," ai-je ajouté, décidant de briser la glace.

Il a semblé surpris, un léger rougissement colorant ses joues.

"Je... merci. Votre père est un génie. Son utilisation de la lumière... c'est unique."

Il parlait avec une ferveur qui manquait cruellement à Marc. Pour Thomas, l'art était une passion, une vérité. Pour Marc, ce n'était qu'une marchandise.

"Et vous ? Vous ne peignez plus ?" m'a-t-il demandé doucement.

La question m'a prise au dépourvu. Personne ne me la posait jamais. Marc disait toujours que j'étais "trop occupée" à le soutenir.

"Non. Pas depuis longtemps."

"C'est dommage," a-t--il dit simplement. "J'ai vu certaines de vos premières œuvres. Vous aviez un vrai talent."

Mon cœur a raté un battement. Il se souvenait. Il avait vu mon travail.

À ce moment précis, j'ai pris la décision la plus audacieuse de ma nouvelle vie. Je me suis tournée vers lui, ignorant complètement Marc qui nous observait de loin, le visage sombre.

"Thomas, ça vous dirait d'être mon cavalier pour le reste de la soirée ?"

Il a failli s'étouffer avec sa propre salive. "Moi ? Mais... et Monsieur Fournier ?"

J'ai souri, un vrai sourire cette fois, libérateur.

"Monsieur Fournier peut très bien se débrouiller tout seul. Alors, c'est oui ou c'est non ?"

Avant qu'il ne puisse répondre, la voix furieuse de Marc a éclaté derrière nous.

"Camille ! Qu'est-ce que ça signifie ? Tu te moques de moi devant tout le monde ?"

Je me suis retournée lentement pour lui faire face, savourant sa colère.

"Me moquer de toi ? Pas du tout. Je choisis simplement la compagnie qui me plaît le plus. Et ce soir, ce n'est pas la tienne."

Isabelle est arrivée en courant, l'air paniqué.

"Camille, arrête ! Tu es en train de faire une scène !"

"Non, Isabelle," ai-je répondu calmement, mon regard fixé sur Marc. "Je suis en train de reprendre le contrôle de ma vie. C'est différent."

Marc a jeté un regard méprisant à Thomas.

"Tu préfères passer la soirée avec ce... critique raté plutôt qu'avec ton fiancé ?"

Thomas est resté silencieux, mais je pouvais voir la blessure dans ses yeux. Je suis intervenue immédiatement.

"Ne lui parle pas comme ça. Thomas est mille fois plus respectable que tu ne le seras jamais. Au moins, lui, il est sincère."

Je me suis tournée vers Thomas, lui ai pris le bras et ai ajouté, d'une voix claire et forte pour que tout le monde entende :

"Allons-y, Thomas. Laissez-le mariner dans sa propre arrogance."

Laissant Marc et Isabelle bouche bée, je nous ai entraînés à l'intérieur, le cœur battant la chamade, non pas de peur, mais d'excitation. Le jeu avait commencé. Et cette fois, c'est moi qui fixais les règles.

            
            

COPYRIGHT(©) 2022