Monsieur Moreau me serre plus fort la taille, me tirant vers un groupe d'hommes d'affaires bedonnants.
« Messieurs, je vous présente Jeanne, » dit-il avec un sourire gras. « N'est-elle pas ravissante ? »
Je sens leurs regards avides parcourir mon corps. Je dois sourire, jouer la comédie. Pour rester dans les bonnes grâces de Moreau, je dois être la parfaite maîtresse, docile et décorative.
Il me tend une coupe de champagne. « Bois, ma chérie. Fais honneur à nos invités. »
Je bois d'un trait, le liquide froid me brûlant la gorge. Je me sens sale, humiliée. Et tout ça, sous le regard de Marc.
Nos chemins finissent par se croiser près du buffet. Moreau est parti discuter affaires, me laissant seule un instant. Marc s'approche, Sophie toujours à son bras.
Son regard me toise de haut en bas, s'arrêtant sur ma robe, sur le collier de diamants que Moreau m'a offert. Un rictus de dégoût se dessine sur ses lèvres.
« Jeanne Dubois, » dit-il, sa voix basse et pleine de mépris. « Je ne t'aurais jamais cru capable de tomber si bas. La maîtresse d'un vieil homme. Ta mère serait si fière. »
Chaque mot est une insulte, une pierre jetée sur une blessure encore ouverte. La mention de ma mère me fait trembler de rage, mais je garde mon visage impassible.
« On fait ce qu'on peut pour survivre, Marc, » je réponds d'une voix neutre.
Sophie semble mal à l'aise. « Marc, ne sois pas si méchant. Vous vous connaissez ? »
« Une vieille camarade de classe, » répond-il sèchement, sans la regarder.
À ce moment, un des amis de Moreau, un homme particulièrement répugnant, s'approche de moi, une bouteille à la main.
« Allez, ma belle Jeanne ! Un autre verre ! Moreau nous a dit que tu tenais bien l'alcool ! »
Il me pousse la bouteille presque sous le nez, son haleine fétide m'agressant. D'autres hommes rient grassement autour. Ils me traitent comme un animal de foire. Pour eux, je ne suis qu'une marchandise, un divertissement.
Je recule instinctivement, mais il insiste. « Allez ! Ne fais pas ta prude ! »
Mon sang ne fait qu'un tour. Je suis sur le point de lui jeter mon verre au visage quand je vois un mouvement rapide. C'est Marc. Il a posé une main ferme sur le bras de l'homme, l'arrêtant net. Son visage est dur.
L'homme, surpris, regarde Marc. « Leclerc ? Qu'est-ce qui te prend ? »
Marc ne répond pas, mais son regard est si glacial que l'autre recule d'un pas. Puis, il se tourne vers moi. La lueur de protection dans ses yeux s'éteint aussi vite qu'elle est apparue, remplacée par le même mépris qu'auparavant.
« Tu vois, Jeanne, » murmure-t-il pour que moi seule l'entende. « Tu t'es mise dans une situation où n'importe qui peut te traiter comme une moins que rien. C'est pathétique. »
L'homme à la bouteille, voulant se venger de l'affront, revient à la charge. « Allez, Jeanne ! Juste un petit verre ! Ou peut-être que tu préfères faire autre chose pour nous ? »
L'insinuation est claire. La nausée me monte à la gorge. Je suis piégée, humiliée publiquement. Je ferme les yeux, attendant que ça se termine.
Soudain, une voix claire et ferme s'élève.
« Ça suffit. Laissez-la tranquille. »
Ce n'est pas Marc. Je rouvre les yeux, surprise. C'est Sophie, sa fiancée. Elle se tient droite, le regard fixé sur l'homme, une expression de dégoût sur son visage délicat.