Huit Ans de Haine
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Chapitre 1

L'homme que je hais le plus au monde est aussi le père de mon fils.

Et aujourd'hui, après huit ans, il est de retour.

Je me souviens encore de l'époque du lycée, de la lumière du soleil qui filtrait à travers les feuilles des platanes sur le campus. Marc Leclerc était le garçon le plus brillant de l'école, pas seulement à cause de ses excellents résultats, mais aussi à cause de son sourire, un sourire qui pouvait faire fondre la glace.

À cette époque, j'étais Jeanne Dubois, une élève tout aussi excellente, la fille fière de ma mère, une professeure respectée.

Marc et moi étions le couple modèle aux yeux de tous.

Il me disait souvent : « Jeanne, après l'université, nous nous marierons. Je te donnerai la plus belle vie possible. »

Je le croyais.

Je croyais à chaque mot, à chaque promesse.

Le jour de la remise des diplômes, le ciel était d'un bleu éclatant. Ma mère, en tant que représentante des professeurs, était sur scène, son visage empreint de fierté et de sévérité, comme toujours.

C'est ce jour-là que mon monde s'est effondré.

Marc est monté sur scène, non pas pour recevoir son diplôme, mais pour prendre le micro. Son visage, autrefois si doux, était maintenant déformé par une haine que je ne lui connaissais pas.

« Madame Dubois, » a-t-il commencé, sa voix résonnant dans le silence de l'auditorium, « vous souvenez-vous de ma sœur, Anne Leclerc ? L'élève que vous avez publiquement humiliée parce qu'elle est tombée enceinte ? L'élève que vous avez forcée à quitter l'école, qui a fini par se suicider ? »

Le silence est devenu pesant. Tous les regards se sont tournés vers ma mère, dont le visage était devenu pâle comme un linge.

Marc a continué, sa voix cruelle et tranchante. « Vous prêchez la morale, mais votre propre fille, Jeanne, est dans mon lit depuis un an. Et devinez quoi ? Elle est enceinte. »

Il a projeté sur le grand écran des photos de nous deux, des photos intimes que je n'aurais jamais imaginé voir exposées aux yeux de tous.

Les murmures se sont transformés en un vacarme assourdissant.

Ma mère s'est figée, puis elle s'est effondrée sur scène. Un anévrisme, ont dit les médecins plus tard.

Marc m'a jeté un dernier regard, un regard de triomphe et de dégoût. Puis il est parti, me laissant seule au milieu des ruines de ma vie.

Huit ans ont passé.

Huit ans pendant lesquels j'ai dû abandonner mes études, m'occuper d'une mère clouée à un lit d'hôpital, dans un état végétatif. Huit ans à élever seule un enfant, Louis, mon fils, son fils.

Les dettes médicales se sont accumulées, écrasantes. Pour survivre, pour payer les factures, pour donner à mon fils une vie décente, j'ai fait ce que je n'aurais jamais cru possible.

Je suis devenue la maîtresse d'un homme riche et puissant, Monsieur Moreau.

Il est vieux, sans scrupules, et me traite comme un bel objet qu'il exhibe lors de ses soirées mondaines. Notre relation est une transaction. Il me donne de l'argent, et je lui donne ma jeunesse et mon corps.

Ce soir, c'est une de ces soirées. Un gala de charité dans un hôtel luxueux. Je porte une robe rouge, chère et provocante, un sourire vide sur les lèvres. Monsieur Moreau a son bras lourdement posé sur ma taille, me présentant à ses partenaires commerciaux.

Je joue mon rôle, comme toujours.

Puis, à travers la salle bondée, je le vois.

Marc Leclerc.

Il est plus grand, plus imposant. Son costume sur mesure crie le succès et le pouvoir. Il est entouré de gens qui le flattent, riant d'une de ses plaisanteries.

Nos regards se croisent.

Son sourire s'efface. Une lueur de surprise, puis de mépris, traverse ses yeux.

Le passé, que j'avais cru enterré, vient de resurgir avec une violence inouïe. Et dans mon cœur, une seule pensée prend forme, froide et claire comme de l'acier : la vengeance.

            
            

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