« Princesse... Votre Altesse, pardonnez-moi ! »
Sa voix était un sanglot pitoyable, conçu pour briser les cœurs les plus durs.
« Je... je ne voulais pas vous offenser. La robe était si belle, je voulais juste l'essayer un instant. Je ne pensais pas que vous arriveriez si tôt... »
Elle pleurait, le corps secoué de spasmes, une image parfaite de remords et de peur. Dans ma vie passée, cette scène avait suffi à retourner la moitié des invités contre moi, me faisant passer pour une princesse capricieuse et cruelle qui humiliait une pauvre servante innocente.
Mais ses larmes ne m'atteignaient plus. Je ne voyais que le venin qui se cachait derrière.
« L'essayer ? » ai-je répété d'un ton glacial, avançant lentement vers elle. « Tu ne l'as pas seulement 'essayée', Sophie. Tu l'as portée pour te pavaner devant toute la cour, comme si elle t'appartenait. »
Je me suis arrêtée juste devant elle, la dominant de toute ma hauteur.
« Cette robe n'est pas juste un vêtement. C'est un symbole. Le motif du phénix doré brodé sur la poitrine est réservé exclusivement à la famille royale. En la portant, tu ne m'as pas seulement volé un objet, tu as bafoué les lois de l'empire. »
Ma voix était calme, mais chaque mot était chargé d'une autorité nouvelle, une autorité née de la souffrance et de la mort.
Sophie a levé son visage en larmes vers moi.
« Mais... je ne savais pas ! Personne ne me l'a jamais dit ! Je suis juste une orpheline ignorante, Votre Altesse... Ayez pitié ! »
Pathétique.
« Tu es mon assistante personnelle depuis trois ans. Tu es chargée de mon emploi du temps, de mes appartements, de ma garde-robe. Ne me dis pas que tu ignores les protocoles les plus élémentaires de ce palais. Ton ignorance est un mensonge, et ton mensonge est une insulte à mon intelligence. »
Je me suis tournée vers les gardes, qui semblaient maintenant comprendre la gravité de la situation.
« J'ai donné un ordre. Exécutez-le. Maintenant. »
Cette fois, ils n'ont pas hésité. Ils ont avancé et ont saisi Sophie par les bras pour la relever. Elle a commencé à se débattre, ses pleurs se transformant en cris perçants.
« Non ! Ne me touchez pas ! Princesse, s'il vous plaît ! »
C'est à ce moment-là qu'une voix familière s'est élevée dans la foule.
« Assez ! »
Louis, mon fiancé, s'est frayé un chemin à travers les invités, son visage rouge de colère. Il s'est placé entre moi et Sophie, la protégeant de son corps.
« Jeanne, qu'est-ce que tu fais ? Arrête cette folie ! » a-t-il lancé, me fusillant du regard.
Je l'ai regardé, lui, l'homme qui m'avait ligotée et envoyée à la mort sans le moindre remords. Un frisson de haine pure m'a parcourue, mais j'ai gardé mon visage impassible.
« Louis, ceci ne te regarde pas. Écarte-toi. »
« Ça me regarde ! Sophie est ma cousine ! Tu l'humilies devant tout le monde pour une simple robe ! N'as-tu donc aucun cœur ? Regarde-la, elle est terrifiée ! »
Il a posé une main réconfortante sur l'épaule de Sophie, qui s'est immédiatement blottie contre lui, pleurant de plus belle. La scène était parfaite : le noble chevalier protégeant la demoiselle en détresse contre la méchante princesse.
« Elle n'est pas terrifiée, » ai-je dit froidement. « Elle joue la comédie. Et elle est très douée. »
La mâchoire de Louis s'est crispée. Sa voix est devenue plus basse, menaçante.
« Pense à ta réputation, Jeanne. Pense à notre mariage. Veux-tu vraiment passer pour une tiranne le jour de ton propre anniversaire ? Les gens parlent. Fais attention à l'image que tu donnes. »
Une menace. La même manipulation que la dernière fois. Il utilisait notre futur mariage et mon honneur pour me faire plier.
Dans ma vie passée, j'avais cédé, craignant de paraître déraisonnable, craignant de le perdre.
Quelle idiote j'avais été.
Un sourire glacial a étiré mes lèvres.
« Ma réputation ? Laisse-moi te dire quelle sera ma réputation, Louis. Ce sera celle d'une princesse qui ne tolère pas l'insubordination et la trahison. Quant à notre mariage... »
J'ai fait une pause, savourant le doute qui commençait à poindre dans ses yeux.
« ... nous en reparlerons. Pour l'instant, si tu ne t'écartes pas, je considérerai que tu es complice de son crime. »