-Mademoiselle... Il nous faut vraiment votre déposition.
-Je crois qu'elle est encore en état de choc monsieur, répond Victor.
Les voies sont lointaines.
Louisa, absente, est assise sur une chaise à l'intérieur de la brasserie parisienne et demeure emmurée dans son silence. Enfermée dans sa bulle, Louisa ne prête pas attention aux deux policiers qui l'interroge et se remémore les images du corps désarticulé de monsieur Ricci. Victor s'accroupit pour se mettre à son niveau et lui murmure quelques mots.
-Louisa, va dans la salle de service avec les policiers. Tu dois leur raconter ce que tu as vu et ensuite prends tes affaires, je te raccompagne chez toi.
Louisa acquiesce sans même regarder Victor et prend la direction de la salle du fond avec les deux enquêteurs. Sa démarche est lente et l'agitation ambiante à l'extérieur lui donne presque la nausée. Une dizaine de véhicules de police, d'ambulances et de pompier sont présents sur les lieux. Tout le quartier a été rapidement bouclé après l'attaque éclair et les journalistes s'amassaient en grand nombre contre les barrières de sécurité afin de prendre la scène macabre en photo. Deux corps recouverts d'un drap blanc gisaient sur la route, dont celui de monsieur Ricci. Évidemment, la première hypothèse pour l'appareil médiatique est l'éventualité d'une attaque terroriste, alors même qu'il n'y a aucune preuve et que la voiture ainsi que son conducteur n'ont toujours pas été retrouvé.
-Merci madame, on vous recontacte si on a besoin de nouveaux détails, dit l'un des policiers. Vous connaissez des membres de la famille de monsieur Ricci qu'on pourrait prévenir ?
-Euh ... il me semble qu'il a un fils. Mais je ne le connais pas, nous étions proches mais pas à ce point désolé...
-Aucun souci, on vous recontacte.
Les deux enquêteurs quittent la petite salle de service. Louisa prend une profonde inspiration et décide de récupérer ses affaires pour rentrer chez elle et oublier définitivement cette journée d'horreur. En ouvrant son casier, elle remarque qu'une petite feuille blanche tombe au sol. Intriguée, elle le ramasse et le déplie : « Vous avez la clé ».
Un numéro de téléphone suivait l'inscription avec une petite note disant « contacter ».
-La clé ..? marmonne Louisa doucement.
Instinctivement, elle glisse la main dans la poche arrière de son jean et saisit le petite clé oubliée par monsieur Ricci. Avec tout ce qui s'était passé, elle avait complètement oublié ce détail futile. Elle fixe un instant le petit objet métallique et le glisse à nouveau dans sa poche arrière tout en chiffonnant le message papier.