Au Revoir, Sophie.
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Chapitre 4

La gifle résonnait encore dans le silence de l'open space. Ma joue me brûlait, mais je n'ai pas bougé. J'ai simplement regardé Sophie, son visage contracté par une fureur pure.

« Tu es viré, Clément ! Tu m'entends ? VIRÉ ! » a-t-elle crié, sa voix se brisant. « Tu n'as plus rien à faire ici ! Dégage ! Sors de mon entreprise ! »

Elle a dit "mon entreprise". Le mot a flotté dans l'air, chargé d'une ironie que j'étais le seul à comprendre.

Marc s'est approché, posant une main théâtrale sur l'épaule de Sophie.

« Chérie, calme-toi. Ne te mets pas dans des états pareils pour un moins que rien. Ça n'en vaut pas la peine. »

Puis, il s'est tourné vers moi avec un air de fausse compassion.

« Clément, écoute... Je sais que t'es à cran. T'as tout perdu, c'est dur. Mais ce n'est pas une raison pour t'en prendre à Sophie. Ce que tu as fait avec l'appartement, c'est... c'est bas. Très bas. »

Sophie s'est blottie contre lui, jouant la victime fragile.

« Il est fou, Marc. Complètement fou. Il faut appeler la sécurité. Je ne veux plus jamais le voir. »

Elle le regardait avec une adoration qui me donnait la nausée. Elle voyait en lui un protecteur, un héros. Elle avait oublié que c'était moi qui l'avais sortie de la carcasse de sa voiture, moi qui avais veillé à son chevet pendant des semaines, moi qui avais payé toutes ses factures médicales sans jamais rien lui demander.

Elle avait oublié le sang, la peur, et les promesses qu'elle m'avait faites dans cette chambre d'hôpital.

Ce souvenir m'a donné la force dont j'avais besoin. La douleur sur ma joue s'est transformée en une détermination glaciale.

J'ai fait un pas en avant.

« Sophie », ai-je dit, ma voix étonnamment calme. « Tu ne peux pas me virer. »

Elle a éclaté d'un rire dédaigneux.

« Pardon ? Et pourquoi ça ? Je suis la Directrice Générale. Je suis la propriétaire majoritaire. Je peux faire ce que je veux. Surtout virer un employé insubordonné et violent. »

« Me gifler en public est une faute professionnelle, selon le règlement intérieur de l'entreprise, article 7, alinéa 3 », ai-je récité de mémoire. « Cela peut justifier un licenciement pour faute grave. »

Un murmure a parcouru l'assemblée. Sophie m'a dévisagé, surprise que j'ose la contredire sur ce terrain.

« Le règlement ? Mais je me fiche du règlement ! C'est moi qui décide ! Tu as volé mes affaires, tu m'as mise à la porte ! Tu mérites bien plus qu'une gifle ! »

« Je n'ai rien volé. J'ai disposé de biens qui m'appartenaient, dans un appartement qui m'appartient. Tu étais une invitée, et ton invitation a expiré. »

Sa mâchoire s'est crispée. Elle n'était pas habituée à ce que je lui tienne tête. L'ancien Clément, l'homme amoureux et patient, aurait encaissé, se serait excusé, aurait tenté de calmer les choses.

Cet homme était mort. Elle l'avait tué.

« C'est la dernière fois que tu m'ouvres ta bouche », a-t-elle sifflé, s'approchant de moi, le doigt pointé sur ma poitrine. « Je vais te détruire, Clément. Je vais m'assurer que tu ne retrouves plus jamais de travail dans ce secteur. Tu finiras à la rue, là où est ta place. »

J'ai soutenu son regard sans ciller.

« Non, Sophie », ai-je dit doucement.

Et puis, j'ai sorti une enveloppe de la poche intérieure de ma veste. Je la lui ai tendue.

« C'est toi qui es virée. »

Le monde sembla s'arrêter. Le silence était si total que j'entendais le bourdonnement des néons au plafond.

Sophie a regardé l'enveloppe, puis mon visage, comme si j'avais perdu la raison.

« C'est une blague ? »

Marc a ricané.

« Il est devenu complètement dingue. Le pauvre type. La rupture lui a grillé les neurones. Allez, Clément, arrête ton cirque et casse-toi. »

J'ai ignoré Marc. Mon attention était entièrement tournée vers Sophie.

« Ouvre-la », ai-je simplement dit.

Avec un geste brusque, elle a arraché l'enveloppe de mes mains et l'a déchirée. Elle a sorti le papier. C'était une lettre de licenciement officielle, avec l'en-tête de l'entreprise.

Elle l'a lue, ses yeux s'écarquillant de plus en plus.

« 'Licenciement pour faute grave de gestion, détournement de fonds et manœuvres frauduleuses...' C'est quoi ce délire ? Tu as falsifié ça ? »

D'un geste, j'ai sorti une deuxième lettre de ma veste. Je l'ai tendue à Marc.

« Toi aussi, tu es viré. Pour les mêmes raisons. Et pour complicité. »

Marc a regardé la lettre, son arrogance s'effondrant d'un seul coup.

« Mais... tu ne peux pas faire ça ! T'as aucun pouvoir ici ! »

J'ai alors sorti le dernier document de ma mallette. Le plus important. L'acte officiel du tribunal de commerce, tamponné et signé.

Je l'ai brandi pour que tout le monde puisse le voir.

« Au contraire », ai-je annoncé d'une voix forte et claire, qui a résonné dans tout l'open space. « Selon cet acte de réversion de propriété, validé hier matin, et en raison de vos fautes de gestion avérées, je suis redevenu le propriétaire unique et l'actionnaire majoritaire à 100% d'Innovatech Solutions. »

J'ai fait une pause, savourant le choc sur les visages de Sophie et de Marc.

« En d'autres termes, je suis votre patron. Et vous êtes tous les deux virés. Immédiatement. »

                         

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