Au Revoir, Sophie.
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Chapitre 3

En rentrant à l'appartement le soir, la porte d'entrée était entrouverte.

Un sentiment de malaise m'a envahi. C'était l'appartement que j'avais acheté, celui où nous avions prévu de construire notre avenir.

J'ai poussé la porte. Le salon était méconnaissable. Mes livres avaient disparu des étagères, remplacés par des magazines de sport et des consoles de jeux. Mes tableaux avaient été décrochés, laissant des marques nues sur les murs, et remplacés par des posters de voitures de luxe.

Dans le couloir, une caisse en carton portait mon nom, écrit au marqueur noir. À l'intérieur, mes affaires personnelles étaient jetées en vrac : mes vêtements, mes photos, mes quelques souvenirs de famille.

C'était un message clair. Je n'étais plus le bienvenu chez moi.

Je suis allé dans la chambre. Nos photos de couple avaient été retirées. Sur la table de chevet, à la place de mon réveil, il y avait un test de grossesse positif, posé bien en évidence.

Et puis, j'ai vu. Près de la poubelle, à moitié enfoui sous des emballages vides, se trouvait le petit ours en peluche que je lui avais offert. C'était une peluche bon marché que j'avais gagnée pour elle à une fête foraine, lors de notre premier rendez-vous. Elle avait juré qu'elle le garderait pour toujours, que c'était le symbole de notre amour.

Elle m'avait même dit, en pleurant de joie, qu'elle le mettrait dans le berceau de notre premier enfant.

Un rire amer m'a échappé. Tout n'avait été qu'un mensonge. Une performance.

Sans réfléchir, j'ai pris de grands sacs poubelles dans la cuisine. J'ai commencé à vider les armoires. Toutes ses robes de marque, ses sacs à main de luxe, ses chaussures hors de prix – tout ce que je lui avais acheté au fil des ans – je les ai fourrés dans les sacs sans ménagement.

J'ai fait de même avec les affaires de Marc. Ses vêtements de sport, ses gadgets électroniques, ses jeux vidéo. Tout.

Mon téléphone a vibré. Un message de Sophie.

« J'espère que t'as compris le message. L'appart est à moi maintenant. Tu peux récupérer tes cartons de clochard quand tu veux. »

Un autre message a suivi. C'était une photo. Elle et Marc, souriant à pleines dents, avec la légende : « Bientôt une vraie famille ».

Je n'ai pas répondu. J'ai bloqué son numéro.

J'ai sorti tous les sacs poubelles sur le palier. J'ai ensuite appelé une société de débarras.

« Bonjour, j'ai plusieurs sacs d'affaires à jeter. Oui, tout de suite. L'adresse est le 12 rue de la Paix. Mettez tout à la benne. Non, il n'y a rien de valeur. »

Puis, j'ai appelé un serrurier.

« Bonjour, je voudrais changer la serrure de mon appartement. Le plus vite possible. »

Une heure plus tard, la serrure était changée et les sacs avaient disparu. L'appartement était presque vide, mais il me semblait plus propre, plus respirable.

Mon téléphone a sonné de nouveau. Un numéro inconnu. J'ai décroché. C'était elle, évidemment.

« CLEMENT ! OÙ SONT MES AFFAIRES ?! LES SACS NE SONT PLUS SUR LE PALIER ! »

Elle hurlait à s'en briser la voix.

« Je les ai fait jeter », ai-je répondu calmement.

« TU AS FAIT QUOI ?! Mes robes ! Mes sacs ! Il y en avait pour des milliers d'euros ! T'es complètement fou ! »

« C'était des cadeaux. Je les ai repris. Et je les ai mis à la poubelle. Comme tu as fait avec mon ours en peluche. »

Un silence stupéfait.

« Mais... mais... c'est mon appartement ! »

« Non, Sophie. C'est mon appartement. Le contrat de vente est à mon nom. Uniquement à mon nom. Tu n'es qu'une occupante sans titre. Et à partir de maintenant, je te demande de ne plus jamais y remettre les pieds. J'ai changé la serrure. »

J'ai raccroché avant qu'elle ne puisse répondre.

Mon téléphone a explosé de notifications. Des messages de Marc, d'amis communs, de sa famille. Tous m'insultaient, me traitaient de monstre.

Puis, une notification Instagram est apparue. C'était un post de Sophie. Une photo d'elle, l'air triste et courageux, avec Marc qui la serrait dans ses bras.

La légende disait : « Parfois, la vie nous confronte à la méchanceté et à la jalousie. Un homme cruel a essayé de nous mettre à la rue, moi et mon bébé. Mais notre amour est plus fort que tout. Merci à mon roc, Marc, d'être là pour nous. #AmourVeritable #Famille #PlusFortsEnsemble ».

Des dizaines de commentaires de soutien affluaient déjà.

« Courage, Sophie ! »

« Quel salaud ce Clément ! »

« L'amour triomphe toujours ! »

J'ai regardé le post, et au lieu de la colère, j'ai ressenti une sorte de joie froide. Ils étaient tellement stupides. Tellement prévisibles. Ils s'enfonçaient eux-mêmes, publiquement. Chaque post, chaque mensonge, était une nouvelle preuve pour moi.

J'ai ouvert une bouteille de vin que je gardais pour les grandes occasions. J'ai levé mon verre à mon téléphone, à leur image souriante et factice.

« À votre santé », ai-je murmuré. « Et à votre chute. »

Le lendemain, je suis arrivé au bureau tôt. J'allais mettre fin à cette mascarade.

À peine avais-je franchi la porte que Sophie s'est ruée sur moi. Son visage était déformé par la haine. Devant tout l'open space silencieux, sa main est partie et m'a giflé avec une force surprenante.

La douleur a éclaté sur ma joue.

Le silence dans la pièce était total. Tous les regards étaient fixés sur nous.

Elle me pointait du doigt, tremblante de rage.

« Toi ! Espèce de déchet ! Comment as-tu osé ?! »

            
            

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