Chapitre 3

J'étais sur le point de tout casser.

De rentrer à la maison, de lui jeter ces photos au visage et de crier jusqu'à ne plus avoir de voix.

Mon service au restaurant était un brouillard. Je servais des vins chers, je souriais aux clients, mais à l'intérieur, j'étais en ruines.

Alors que je rangeais les dernières bouteilles, mon téléphone a vibré.

Une notification de Telegram. Du "Salon Secret".

Mon sang s'est glacé.

C'était un message de l'utilisateur "Le Baron", celui que tout le monde semblait craindre et respecter.

"La muse de Fowler est exquise. Je l'ai goûtée. Un vin rare."

Mon estomac s'est retourné. Il parlait de Juliette.

Puis un autre message, de "KFowler", le type des photos.

"Content qu'elle te plaise, Baron. Mais ce n'était qu'un apéritif."

La conversation a continué, devenant de plus en plus sordide.

Et puis, le message qui a tout changé.

"Le Baron" a écrit : "La prochaine fois, je veux une expérience plus... complète. Drogue-la. Je veux qu'elle soit totalement soumise."

Une vague de terreur pure m'a submergé, balayant la rage.

Ce n'était plus une simple affaire de tromperie. C'était dangereux. Juliette était en danger.

"KFowler" a répondu immédiatement.

"Parfait. J'organise un 'vernissage privé' dans un hôtel ce soir. L'occasion idéale."

Ce soir.

Mon cœur battait à tout rompre.

Je devais l'arrêter. Je devais la sauver. Peu importe la trahison, peu importe la douleur. Je ne pouvais pas la laisser tomber dans ce piège.

J'ai couru hors du restaurant, sans même prendre mon manteau.

J'ai essayé d'appeler Juliette. Son téléphone était éteint.

La panique m'a envahi.

Comment la trouver ? Où était cet hôtel ?

Puis je me suis souvenu.

Il y a quelques mois, après une dispute stupide, j'avais installé une application de localisation sur son téléphone. Je me sentais coupable, je ne l'avais jamais utilisée. Jusqu'à maintenant.

J'ai ouvert l'application, mes mains tremblant tellement que j'ai failli laisser tomber mon téléphone.

Un point rouge clignotait sur la carte.

Elle était là. Sur la Presqu'île, dans un des hôtels les plus luxueux de Lyon.

J'ai sauté dans ma voiture et j'ai conduit comme un fou, brûlant les feux rouges, ignorant les klaxons.

Je me suis garé en catastrophe devant l'hôtel.

Et je l'ai vue.

Elle sortait d'un taxi, magnifique dans une robe de soirée.

À son bras, il y avait "KFowler". Il lui souriait, et elle lui souriait en retour.

Ils se dirigeaient vers l'entrée de l'hôtel.

Toute ma peur s'est transformée en une rage aveugle.

Elle n'était pas une victime. Elle était complice. Elle allait droit dans le piège, volontairement.

"JULIETTE !"

J'ai crié son nom, ma voix brisée par la fureur.

J'ai couru vers eux, ne pensant qu'à une chose : l'attraper, la secouer, la forcer à voir la vérité.

Je n'ai fait que quelques pas.

Une douleur fulgurante a explosé à l'arrière de ma tête.

Le monde a basculé.

Le hall de l'hôtel a tourné, les lumières sont devenues floues.

La dernière chose que j'ai vue avant de perdre connaissance, c'était le visage de Juliette, se tournant vers moi.

Son expression n'était pas celle de la surprise.

C'était de l'agacement.