Le flash de mon téléphone a illuminé le groupe Telegram, "Le Salon Secret".
Le nom était élégant, mais le contenu était répugnant.
Des photos et des vidéos de femmes, postées sans leur consentement par des maris, des petits amis, ou de simples inconnus.
J'ai été ajouté par un numéro anonyme il y a une heure, et depuis, je ne pouvais plus détourner le regard.
Mon cœur battait fort, un mélange de curiosité malsaine et de dégoût profond.
Soudain, une nouvelle notification.
Une photo est apparue, avec une légende qui m'a glacé le sang : "Nouvelle acquisition : la muse d'un artiste, pure et intouchable !".
La femme sur la photo portait un masque vénitien qui couvrait ses yeux, mais ce n'était pas ça qui a attiré mon attention.
C'était la broche.
Une broche en forme de lys, épinglée sur un négligé de soie noire.
J'ai reconnu cette broche.
C'est moi qui l'avais offerte à ma femme, Juliette, pour notre anniversaire de mariage.
Mon estomac s'est noué. Non, ce n'est pas possible. C'est une coïncidence.
J'ai zoomé sur la photo, mes doigts tremblants.
La clavicule délicate, les lèvres pleines, et ce grain de beauté juste au-dessus de sa lèvre supérieure.
C'était elle.
C'était Juliette.
Mon monde s'est effondré.
Les commentaires sous la photo ont commencé à affluer.
"Magnifique. Combien pour une nuit ?"
"Elle a l'air si innocente. J'adore ça."
"Le Baron va adorer ce nouveau jouet."
Chaque mot était un coup de poing dans le ventre. Ma Juliette, ma femme, la curatrice d'art élégante et réservée, était exposée comme un morceau de viande dans ce cloaque numérique.
Mon téléphone m'a glissé des mains et a heurté le sol avec un bruit sourd.
Comment ? Pourquoi ?
Mon esprit tournait en boucle, essayant de trouver une explication logique, mais il n'y en avait aucune.
Au même moment, mon téléphone a vibré sur le sol. Un message de Juliette.
"Chéri, je vais devoir rester tard à la galerie. On prépare la nouvelle exposition. Ne m'attends pas. Je t'aime."
Je t'aime.
Ces mots, qui d'habitude me réchauffaient le cœur, me brûlaient maintenant.
Je ne l'ai pas crue. Pas une seconde.
J'ai ramassé mon téléphone, le cœur lourd de rage et de douleur.
Je n'allais pas l'affronter maintenant. Non. J'avais besoin de preuves.
J'ai ouvert l'application d'enregistrement d'écran et j'ai commencé à capturer chaque image, chaque commentaire, chaque parcelle de cette humiliation publique.
Le poison s'infiltrait en moi, mais je devais savoir. Je devais comprendre l'ampleur de la trahison.