Chapitre 3

Quelques semaines plus tard, j'étais sortie de l'hôpital. Mon grand-père, malgré sa confusion, avait respecté mon choix et organisé une sortie pour que Kyle et moi puissions... nous "reconnecter". Pour compliquer les choses, Robert et Cara étaient également présents, invités par un ami commun.

Nous étions dans un bar à vin chic sur les quais de Bordeaux. L'ambiance était tendue.

Cara, avec son air de fausse innocente, a "accidentellement" renversé son verre de vin rouge sur ma robe blanche, une pièce de créateur. Le liquide écarlate a taché le tissu immaculé.

« Oh, mon Dieu ! Juliette, je suis tellement désolée ! » s'est-elle exclamée, les larmes aux yeux.

Avant que je puisse dire un mot, Robert s'est interposé, la prenant dans ses bras.

« Ce n'est rien, Cara, c'était un accident. »

Puis il s'est tourné vers moi, le visage dur.

« Toi, Juliette, tu pourrais au moins faire semblant d'être un peu compréhensive. Ce n'est qu'une robe. Ton arrogance est insupportable. »

La colère a monté en moi, chaude et rapide. C'était la colère de ma grand-mère qui se mêlait à la mienne.

« Ce petit con ! Il ose te parler comme ça pour défendre cette pimbêche ? Réponds-lui, bon sang ! Ne te laisse pas faire ! »

J'ai planté mes yeux dans ceux de Robert.

« Mon arrogance ? C'est toi qui oses me parler d'arrogance alors que ta maîtresse vient de ruiner une robe qui coûte plus cher que son loyer annuel ? Et toi, tu la défends sans même me demander si ça va ? »

Le silence est tombé sur notre table. Robert et Cara me regardaient, bouche bée, choqués par mon ton. Kyle, qui était resté silencieux jusqu'à présent, a esquissé un léger sourire en coin.

« Je vais aux toilettes, » ai-je lancé en me levant.

Plus tard dans la soirée, nous nous sommes retrouvés dans une galerie d'art pour un vernissage. Soudain, quelqu'un a crié "Au feu !". C'était une fausse alerte, mais la panique a saisi la foule. Les gens se sont mis à pousser, à courir vers la sortie.

J'ai été bousculée, j'ai perdu l'équilibre.

« Robert ! » ai-je crié, cherchant instinctivement de l'aide auprès de l'homme que j'avais aimé toute ma vie.

J'ai vu son regard croiser le mien. Il a hésité une seconde, puis il s'est tourné et a attrapé le bras de Cara, la tirant à l'abri et me laissant seule au milieu du chaos.

Mon cœur s'est brisé. Ce n'était plus une vision de grand-mère, c'était la réalité. Il m'avait abandonnée.

Alors que j'allais tomber, deux bras puissants m'ont entourée, me stabilisant.

« Fais attention, Lloyd. »

C'était Kyle. Il m'a attrapée fermement et m'a guidée à travers la foule, créant un passage avec son corps jusqu'à un coin tranquille.

« Ça va ? » a-t-il demandé, son sarcasme habituel remplacé par une véritable inquiétude.

Je n'ai pu que hocher la tête, les larmes me montant aux yeux. Les avertissements de ma grand-mère étaient vrais. Chaque mot était vrai.

Robert m'avait abandonnée au danger pour protéger une autre femme. Et mon rival de toujours m'avait sauvée.

C'était la fin. Tout ce que j'avais ressenti pour Robert s'est évaporé dans cette galerie bondée, laissant un vide froid et douloureux.