Le Prix du Mensonge : La Vengeance d'un Homme Brisé
img img Le Prix du Mensonge : La Vengeance d'un Homme Brisé img Chapitre 1
2
Chapitre 5 img
Chapitre 6 img
Chapitre 7 img
Chapitre 8 img
Chapitre 9 img
Chapitre 10 img
img
  /  1
img

Chapitre 1

L'année a été brutale.

Pour Juliette, pour ma Juliette, j'ai tout sacrifié.

Quand je l'ai trouvée, elle était seule à Paris, une artiste sans le sou, vendant ses toiles sur le trottoir pour survivre. Sa solitude m'a touché. Je l'ai ramenée chez moi, à Lille, dans notre petite maison ouvrière.

Ma famille l'a accueillie comme l'une des nôtres. Mon père, un ancien mineur à la retraite, malade de la silicose, lui souriait avec douceur. Ma mère, licenciée de l'usine textile, lui préparait ses plats préférés. Mon petit frère, Léo, avec ses difficultés d'apprentissage, la vénérait comme une grande sœur.

Puis il y a eu l'accident. Une voiture l'a percutée. C'est ce qu'on m'a dit. Coma. On l'a transférée dans une clinique privée en Suisse, la meilleure, la seule qui pouvait la sauver, selon ses amis parisiens.

Les factures sont arrivées, astronomiques. Nous avons vendu la maison de mes grands-parents, l'héritage familial que je gardais pour ouvrir ma brasserie artisanale. Nous avons déménagé dans un HLM en banlieue de Lille.

En un an, tout a basculé.

Ma mère, épuisée par des petits boulots précaires et la malnutrition, est morte d'une crise cardiaque.

Mon père, pour nous aider, a pris un travail au noir sur un chantier. Sa silicose l'a emporté. Il est tombé d'un échafaudage.

Mon frère, Léo, pour gagner quelques euros de plus, a distribué des prospectus pour un casino clandestin. Il a voulu partir. Ils l'ont battu. Il a perdu ses deux jambes.

Un an. Une famille anéantie. Pour Juliette.

Je reviens du cimetière, après avoir enterré mon père aux côtés de ma mère. Je serre contre moi la petite urne contenant une partie de leurs cendres, l'autre partie rejoindra celles de Léo, toujours à l'hôpital. Le ciel de Lille est gris, lourd.

Soudain, une Porsche vrombit et me fauche.

Je m'écroule sur le bitume froid. L'urne tombe et s'ouvre, les cendres se mêlent à la poussière de la route. Ma jambe me lance, une douleur vive.

La vitre teintée de la voiture de sport descend lentement.

À l'intérieur, au volant, se trouve Juliette.

Elle n'est pas dans le coma. Elle est parfaite, maquillée, radieuse. Elle me regarde avec un mépris glacial.

Une liasse de billets de 500 euros atterrit à mes pieds, comme une insulte.

« Juliette, un an à faire semblant d'être dans le coma, tu as même perdu l'habitude de conduire ? » lance une de ses amies depuis le siège passager, en riant.

Une autre ajoute : « Tu es vraiment sans cœur, inventer tout ça juste pour tester ce pauvre type. »

Juliette hausse les épaules, l'air détaché.

« Leur famille est si pauvre, qui sait s'ils n'en voulaient pas à notre vignoble ? Une fois le test réussi, je ne les aurais pas laissés tomber, bien sûr. »

Le test.

Je regarde les cendres de mes parents souillées sur la route. Je regarde ma jambe tordue.

Le test était terminé.

            
            

COPYRIGHT(©) 2022