Chapitre 3

La situation a empiré. Dora, avec l'aide de quelques domestiques qu'elle avait corrompus, a orchestré un piège.

Un soir, alors que je montais pour coucher les enfants, j'ai entendu un cri venant de la chambre de Dora. Je me suis précipitée à l'intérieur.

La scène était chaotique. Dora était sur le sol, ses vêtements déchirés, pleurant hystériquement. Deux valets d'écurie, des hommes à la réputation douteuse, se tenaient au-dessus d'elle, l'air confus. Une tasse de thé brisée gisait sur le tapis.

Kyle et sa mère sont arrivés juste derrière moi.

"Kyle ! Elle a essayé de me droguer !" a crié Dora en me montrant du doigt. "Elle a payé ces hommes pour me déshonorer ! Elle veut ruiner mon mariage !"

Les deux hommes ont immédiatement acquiescé, racontant une histoire confuse sur la façon dont "Madame la Vicomtesse" leur avait promis de l'argent.

C'était un mensonge absurde, un complot si mal ficelé que n'importe qui avec un peu de bon sens aurait vu la vérité.

Mais Kyle était aveugle. Il ne voyait que sa précieuse Dora, en larmes et en détresse.

Il s'est tourné vers moi, ses yeux brûlant de haine. "Monstre. Tu es un monstre."

"Je n'ai rien fait," ai-je dit calmement, même si mon cœur battait à tout rompre. "C'est un piège."

"Assez !" a-t-il hurlé. "Je ne veux plus jamais voir ton visage. Tu es répudiée. Tu quitteras ce château demain matin, sans rien. Quant aux enfants, ils resteront ici. Dora s'occupera d'eux. Elle sera une bien meilleure mère que toi."

Me priver de mes enfants.

C'était la dernière injustice, celle que je ne pouvais pas tolérer.

Cette nuit-là, dans la solitude de ma chambre, j'ai senti le désespoir m'envahir. Mais sous le désespoir, une vieille flamme s'est ravivée. La colère. La détermination.

J'ai ouvert le coffre-fort caché derrière une peinture dans ma bibliothèque. À l'intérieur se trouvait un vieux document, scellé de la cire de l'Empire. Le "Droit de Remontrance", accordé à ma famille par Napoléon lui-même. Un privilège secret, notre dernier recours contre l'injustice flagrante.

Mon grand-père m'avait dit de ne l'utiliser qu'en cas de nécessité absolue, quand tout le reste avait échoué.

Ce moment était arrivé.

J'ai pris une feuille de papier et j'ai commencé à écrire. Je n'ai pas écrit une lettre au Président. J'ai écrit une demande de divorce. Claire, simple, et définitive. Je la donnerais à Kyle le matin. Mais l'autre lettre, la vraie, celle qui allait tout changer, était déjà en route pour le Palais de l'Élysée.