Chapitre 4

Plus tard dans la soirée, cachée derrière une tenture pour échapper à l'atmosphère étouffante, j'ai surpris une autre conversation. Cette fois, c'était Louis qui avait acculé Arthur.

« Tu es allé trop loin ! C'était quoi, ce baiser ? » sifflait Louis, la voix pleine de rage contenue.

La réponse d'Arthur a été glaciale, empreinte d'un cynisme mordant.

« Je ne fais que jouer le rôle que tu m'as assigné, Louis. N'est-ce pas ce que tu voulais ? Que je sois un fiancé crédible ? Ou préférais-tu que je l'humilie devant tout le monde ? »

Louis était sans voix. Arthur avait retourné la situation contre lui avec une précision chirurgicale.

De retour à l'appartement, l'ambiance était électrique. Arthur m'a suivie dans le salon. Il m'a attrapée par le bras, me forçant à lui faire face.

« C'était quoi, ce spectacle ? » a-t-il demandé, son calme habituel fissuré.

« Je joue mon rôle, » ai-je répondu, lui renvoyant ses propres mots.

Il m'a regardée longuement, puis il m'a embrassée à nouveau. Cette fois, il n'y avait pas de surprise, pas d'hésitation. C'était un baiser insistant, presque désespéré, qui cherchait quelque chose que je ne comprenais pas.

Et malgré ma colère, ma confusion, une pensée étrange a germé en moi.

Lors de la dégustation, avant le jeu stupide, Arthur m'avait servi un verre. Un verre de Sémillon, mon cépage blanc préféré, celui que Louis oubliait toujours. Il avait aussi mentionné, comme en passant, une technique de vinification en amphore que j'admirais, un détail que seuls les vrais passionnés pouvaient connaître.

Louis disait qu'Arthur me détestait. Mais cet homme connaissait mes goûts mieux que Louis lui-même.

Était-ce vraiment du mépris que je voyais dans ses yeux ? Ou autre chose ? Et si ce n'était pas un service qu'il rendait à Louis, mais une vengeance personnelle ? Une vengeance dont j'étais devenue l'instrument.