Deux jours plus tard, Arthur m'a annoncé que nous allions à une dégustation privée.
« Tout notre cercle sera là. Il faut maintenir les apparences, » a-t-il déclaré d'un ton neutre.
La salle était somptueuse, baignée d'une lumière dorée, remplie du murmure des conversations et du cliquetis des verres. Et ils étaient là. Louis, radieux, et Chloé, collée à son bras, resplendissante dans une robe qui devait coûter plus cher que mon loyer annuel.
Chloé m'a aperçue et m'a adressé un petit sourire condescendant, plein de pitié feinte. Elle jouait son rôle à la perfection, la nouvelle petite amie affligée par le sort de la pauvre Élodie amnésique.
Louis, lui, évitait mon regard, un signe de gêne flottant sur son visage.
L'organisateur a alors annoncé un jeu stupide : "l'accord parfait". Les couples devaient goûter un vin et s'embrasser pour sceller "l'harmonie" de leurs palais et de leurs cœurs.
Louis et Chloé se sont exécutés les premiers, avec un zèle presque théâtral. Leurs lèvres se sont rencontrées dans un baiser appuyé, sous les applaudissements polis de l'assemblée. J'ai senti la bile me monter à la gorge.
Puis, ce fut notre tour. Un silence s'est fait. Tous les regards étaient tournés vers nous. J'ai senti le poids du regard de Louis, tendu, curieux. Il voulait voir comment son "ami" allait gérer la situation. Il voulait voir l'austère Arthur se ridiculiser.
Arthur semblait mal à l'aise. Il a pris son verre, l'a porté à ses lèvres, puis s'est tourné vers moi, une question muette dans les yeux.
C'était mon moment. Ma première riposte.
Je me suis avancée, j'ai pris son visage entre mes mains et je l'ai embrassé. Pas un baiser chaste. Un baiser passionné, profond, une déclaration de guerre silencieuse.
Des exclamations choquées ont fusé dans la salle. J'ai senti le corps d'Arthur se raidir de surprise avant de répondre, presque instinctivement, à mon baiser.
Quand je me suis reculée, j'ai croisé le regard de Louis. Son visage était décomposé par la stupeur et une fureur naissante. Chloé, à côté de lui, avait perdu son sourire triomphant.
J'avais gagné la première manche.