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Je devais trouver la source du problème. Ce n'était pas la proximité. Alors quoi ?
En rentrant à mon petit studio, épuisée, mon regard est tombé sur mon cou.
Le pendentif.
Un petit macaron en argent, que Lucas m'avait offert juste avant le début du concours.
« C'est un porte-bonheur, mon amour. Porte-le tout le temps, il te portera chance. »
Ses mots m'étaient revenus en mémoire. Dans ma vie passée, je l'avais porté précieusement, jusqu'à la fin.
Un porte-bonheur ? Ou un mouchard ?
Une caméra ? Un micro ?
La trahison m'a frappée avec la force d'un poing. Lucas... il aurait fait ça ? Pour Chloé ?
J'ai arraché le collier de mon cou. Il semblait lourd, soudain. Je l'ai examiné, mais je n'ai rien vu de suspect. Pourtant, le doute était là, tenace.
J'ai pensé à ma famille. À leurs visages fatigués par le travail, à leurs mains abîmées par la vigne. À leurs dettes qui s'accumulaient. Cette bourse était leur seul espoir. Mon seul espoir.
Je ne pouvais pas abandonner.
Pour la deuxième épreuve, le thème était la tarte au citron meringuée.
Cette fois, j'étais prête. J'ai laissé le pendentif dans un tiroir.
Avant de partir, je l'ai pris et je l'ai jeté avec force dans la poubelle.
Fini. Le mouchard est détruit.
En arrivant, Chloé m'attendait.
« Alors, on s'est remise de ses émotions ? Tu sais, mes parents disent que le vin de Provence, ça se vendra bientôt en cubi au supermarché. C'est peut-être l'avenir pour ta famille. »
La cruauté de ses mots m'a glacée. Elle attaquait ma famille, mon point le plus sensible.
J'ai serré les poings.
« Occupe-toi de ta tarte, Chloé. »
J'ai réalisé une version déstructurée de la tarte, avec une meringue italienne flambée au chalumeau et un insert de basilic frais. C'était technique, innovant. Parfait.
J'étais sûre de moi. Sans le pendentif, la triche était impossible.
Les résultats sont tombés.
« Chloé de la Fontaine, 19 sur 20. »
Un murmure d'admiration a parcouru la salle.
Puis mon nom.
« Amélie Dubois, 17 sur 20. »
Deux points.
Encore.
Le monde s'est effondré autour de moi.
Ce n'était pas le pendentif. Ce n'était pas la proximité.
C'était autre chose. Une force que je ne comprenais pas. Une magie noire, une technologie inconnue... J'étais au bord de la folie.
Je suis sortie en titubant. L'air frais ne calmait pas le feu dans ma poitrine.
J'étais piégée dans une boucle infernale.
Chloé m'a suivie, son rire résonnant dans le couloir vide.
« Tu vois, Amélie. C'est ton destin de finir deux points derrière moi. Toujours. Tu devrais abandonner. Tes parents de \\"ploucs\\" devront bien vendre leur vignoble de toute façon. »
À ce moment-là, quelque chose s'est brisé en moi.
La tristesse, le désespoir... tout a été remplacé par une colère froide et déterminée.
Si je ne peux pas gagner... alors elle ne gagnera pas non plus.