L'Évasion de la Prison Dorée
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Chapitre 4

Yanis arrive deux jours plus tard.

Je l'entends depuis ma chambre. Sa voix traînante, ses rires forcés.

Je reste enfermé, espérant l'éviter. Mais le soir, Chloé frappe à ma porte.

« Léo ? Yanis est là. Il aimerait te dire bonjour. »

Je n'ai pas le choix. Je sors.

Yanis est avachi sur le canapé du salon, l'air faussement timide. Il a le teint cireux, les yeux fuyants.

« Salut, » dit-il d'une petite voix. « Désolé pour... tu sais. Le concert. J'étais pas dans mon état normal. »

Il ne me regarde pas dans les yeux.

Chloé est à côté de lui, une main protectrice sur son épaule.

« C'est oublié, » dit-elle à ma place.

Je ne dis rien. Le silence est pesant.

Manon entre dans la pièce, voit Yanis, et se cache immédiatement derrière mes jambes.

Yanis la regarde à peine. Son attention se porte sur le décor.

« C'est... grand, ici. »

Puis son regard se pose sur le mur du fond, où est accroché un grand tableau, une marine peinte par ma mère. C'est le seul objet que j'ai gardé d'elle.

« Ce tableau est un peu déprimant, non ? Ça me stresse. »

Chloé se tourne vers moi, l'air suppliant.

« Léo, on pourrait peut-être l'enlever ? Juste le temps que Yanis soit là. Pour qu'il se sente à l'aise. »

Je la regarde, incrédule. Enlever le tableau de ma mère ? Pour que son protégé se sente "à l'aise" ?

Les commentaires flottent près du visage de Yanis.

« Le pauvre, il est si sensible à cause de son traumatisme. »

« Chloé est un ange de prendre soin de lui comme ça. »

« Léo devrait être plus compréhensif. Ce n'est qu'un tableau. »

Ce n'est pas qu'un tableau. C'est ma mère.

« Non. »

Le mot est sec, définitif.

Le visage de Chloé se durcit. Yanis, lui, esquisse un petit sourire satisfait. Il a eu ce qu'il voulait : créer un conflit.

« Léo, tu exagères. C'est juste pour quelques semaines. »

« J'ai dit non. C'est ma maison aussi. Ou je me trompe ? »

Je lance un regard à Chloé, un défi. Pendant des années, j'ai tout accepté. J'ai ravalé ma peine, mes frustrations. J'ai joué le rôle du gentil garçon reconnaissant.

C'est terminé.

« Si ce tableau le dérange, il peut rester dans sa chambre. »

Sur ces mots, je prends la main de Manon et je monte à l'étage, laissant Chloé et son protégé dans un silence glacial.

Ce soir-là, en passant devant la chambre d'amis, je les entends discuter.

« Il me déteste, » dit Yanis d'une voix plaintive. « Je ne devrais pas être là. Je vais repartir. »

« Non, reste, » supplie Chloé. « Il va s'habituer. Il est juste... possessif. Ne t'inquiète pas, je vais m'occuper de lui. »

S'occuper de moi. Comme si j'étais le problème.

Je serre les poings. La guerre est déclarée.

                         

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