Le lendemain, je me suis levée tôt. La maison était silencieuse. J'ai décidé de mener ma propre enquête. Mon métier d'archiviste m'avait appris à chercher, à vérifier, à ne rien laisser au hasard.
J'ai sorti mon ordinateur portable. J'ai cherché « Jacques » dans tous mes contacts, mes e-mails, mes photos sur les réseaux sociaux. Rien. Aucune trace.
J'ai fouillé les vieux albums de famille. Des dizaines de photos de Noël, d'anniversaires, de vacances. Mon visage d'enfant, celui de Claire, nos parents plus jeunes. Mais pas de Jacques. Pas d'inconnu qui aurait pu être lui.
J'ai appelé d'autres membres de la famille, des oncles et tantes plus éloignés. La réponse était toujours la même.
« Jacques ? Bien sûr que je me souviens de Jacques. Un garçon charmant. »
Mais personne ne pouvait me dire d'où il venait. Était-il le fils du frère de ma mère ? Le neveu de mon père ? Les histoires se contredisaient. Sa profession, son apparence, son caractère changeaient à chaque coup de fil.
J'ai descendu les escaliers, le cœur lourd. Je suis allée dans le bureau de mon père. J'ai cherché dans les registres familiaux, les vieux documents, l'arbre généalogique que grand-mère avait dessiné à la main.
Le nom « Jacques » n'apparaissait nulle part.
Je me sentais de plus en plus seule. J'étais la seule à voir la faille dans notre réalité.
Puis, la petite Lucie, la fille de Claire, est entrée dans le salon en courant. Elle tenait quelque chose dans sa main.
Elle a grimpé sur mes genoux, son visage rayonnant.
« Regarde, Tatie Amélie ! C'est oncle Jacques qui me l'a donné ! »
Elle a ouvert sa paume. Dedans, il y avait une vieille pièce de monnaie en argent, ternie par le temps. Je ne l'avais jamais vue. Elle ne venait pas de cette maison.
« Quand est-ce qu'il te l'a donnée, ma puce ? » ai-je demandé, la gorge sèche.
« Cette nuit, a-t-elle répondu avec l'innocence d'un enfant. Il est venu jouer avec moi. Il a dit qu'il reviendrait. »