Les vacances de Pâques. Je suis revenue dans le domaine viticole familial, près de Bordeaux. L'air sentait la terre humide et le vin nouveau, une odeur qui aurait dû me rassurer.
Mais quelque chose n'allait pas.
Je suis montée au grenier pour chercher de vieilles boîtes. La poussière dansait dans les rayons du soleil. C'est là que je l'ai trouvée. Une photo Polaroid que je n'avais jamais vue.
Sur la photo, j'étais une enfant, peut-être sept ou huit ans. Un jeune homme inconnu avait son bras autour de mes épaules. Il souriait. Un sourire amical.
Je l'ai retournée. Une écriture délavée disait : « Avec mon cousin Jacques, Noël 1998 ».
Jacques.
Ce nom ne me disait rien. Absolument rien. Je n'ai pas de cousin qui s'appelle Jacques.
Je suis descendue, le cœur battant un peu trop vite. Ma mère était dans la cuisine, préparant le dîner. Je lui ai tendu la photo.
« Maman, qui est-ce ? »
Elle a regardé la photo, puis m'a regardée, l'air perplexe.
« Qui ? Il n'y a que toi sur cette photo, ma chérie. »
Sa voix était calme, normale. Trop normale.
J'ai baissé les yeux vers le Polaroid dans ma main. Le jeune homme avait disparu. Il ne restait que moi, une petite fille souriante dans un pull de Noël trop grand. Le fond était vide.
J'ai senti un frisson me parcourir. Ce n'était pas possible. Il était là, je l'avais vu.
« Mais... il y avait un homme. Juste ici. »
Ma mère a posé sa main sur mon front.
« Tu es sûre que ça va, Amélie ? Tu travailles trop aux Archives. Tu as l'air fatiguée. »
Je n'ai rien dit de plus. J'ai rangé la photo dans ma poche, sentant le carton froid contre ma peau. Mon esprit, d'habitude si ordonné, était en plein chaos.