J'étais au fond du trou. Sans travail, sans argent, avec un squatteur dans mon propre appartement. C'est là que je suis tombée sur une carte de visite, oubliée dans un vieux tiroir.
« Léo Zola - Conseiller en relations. Pour des histoires qui finissent bien. »
Le désespoir m'a poussée à appeler. J'ai obtenu un rendez-vous le jour même.
Son cabinet était dans un immeuble haussmannien chic. L'intérieur était impersonnel, blanc, presque clinique. Léo Zola était un homme élégant, la quarantaine, avec un sourire calme qui ne touchait pas ses yeux.
Je lui ai tout raconté. La vaisselle, les exigences, la raclette, la rupture, la campagne de diffamation.
Il m'a écoutée attentivement, en hochant la tête.
« Je comprends, Chloé. C'est difficile. Mais... il ne vous a pas frappée, n'est-ce pas ? »
J'ai secoué la tête, surprise.
« Il ne vous a pas trompée, physiquement ? »
« Je... je ne crois pas. »
« Il ne vous a pas volé d'argent, à part ce que vous lui donniez volontairement ? »
« Non, mais... »
Il a joint ses mains sur son bureau.
« Chloé, vous décrivez un homme passionné, un peu immature peut-être, mais pas un monstre. Il y a des femmes qui subissent des violences terribles. Hugo, lui, veut juste qu'on prenne soin de lui. N'est-ce pas le fondement d'un couple ? Le soutien mutuel ? »
Ses mots étaient si raisonnables. Si logiques. Et pourtant, quelque chose clochait. Ils ressemblaient étrangement aux commentaires qui flottaient autour de moi.
Léo Zola a continué, sa voix douce et persuasive.
« Il est diplômé d'une grande école. Il a un potentiel énorme. Un homme comme ça a besoin d'une femme forte et dévouée à ses côtés pour l'aider à s'épanouir. C'est un rôle magnifique, vous ne trouvez pas ? Celui de la femme qui bâtit un grand homme. »
Il m'a regardée droit dans les yeux.
« Ne gâchez pas cette chance, Chloé. Retournez auprès de lui. Excusez-vous. Tout rentrera dans l'ordre. C'est comme ça que votre histoire doit se terminer. Une belle histoire d'amour et de dévotion. »
Je suis sortie de son bureau complètement confuse. Mon esprit me disait qu'il avait tort, que tout cela était une manipulation. Mais la pression était immense. La pression de ses mots, des commentaires, de la solitude.
Peut-être qu'ils avaient raison. Peut-être que c'était moi, le problème.