Le Réveil de Chloé
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Chapitre 3

Quelques jours plus tard, il est revenu, comme si de rien n'était. Il n'a pas mentionné la vaisselle cassée, ni la pâtisserie. Il a juste annoncé : « Ce soir, on fait une raclette. J'ai invité Amandine. »

Une lueur d'espoir s'est allumée en moi. Peut-être qu'il voulait vraiment se réconcilier.

Je suis allée faire les courses. Quand je suis revenue, il a regardé les paquets.

« C'est quoi ça ? Du fromage pasteurisé ? »

Il a grimacé.

« Tu sais très bien que je suis intolérante au lait cru, Hugo. »

« Et alors ? Amandine n'aime que le fromage au lait cru. C'est la seule vraie raclette. Va en racheter. »

Il a jeté le paquet sur la table.

Les commentaires ont applaudi.

Je l'ai regardé. Il était là, dans mon appartement, à exiger que je mange quelque chose qui me rendrait malade, pour faire plaisir à une autre femme. Et tout le monde, ces voix invisibles, trouvait ça normal.

C'était la goutte d'eau.

Une clarté froide a remplacé la fatigue.

« Non. »

Il a levé les yeux de son téléphone, surpris.

« Quoi ? »

« C'est fini, Hugo. Je veux que tu partes. »

Son visage a changé. La surprise a laissé place à une fureur glaciale. Il n'a pas crié. Il a souri. Un sourire cruel.

« Tu vas le regretter, Chloé. »

Il est parti. Une heure plus tard, mon téléphone a commencé à vibrer sans s'arrêter.

Hugo avait publié un long message sur tous ses réseaux sociaux. Il parlait d'une "relation toxique", d'une "muse cruelle" qui "étouffait son art". Il se posait en victime, l'artiste brisé par une femme matérialiste et sans cœur.

Amandine a été la première à commenter : « Courage, mon ami. Certains ne peuvent pas comprendre la sensibilité d'une âme d'artiste. »

Puis ce fut le tour de mes "amis". Des messages d'insultes. Des appels manqués.

Le lendemain, mon rédacteur en chef m'a appelée.

« Chloé, j'ai vu ce qui se passe sur les réseaux... C'est très mauvais pour l'image du magazine. On ne va pas renouveler ton contrat de pigiste. »

En quelques heures, j'avais tout perdu. Mes amis, mon travail. Et Hugo refusait de quitter mon appartement. Il avait simplement coupé son téléphone et gardait les clés.

            
            

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