Chapitre 3

Bernard a haussé un sourcil, amusé.

« Comment ça, ce n'est pas fini ? Tu n'as plus un rond, gamin. »

J'ai sorti mon téléphone et j'ai ouvert mon application bancaire. Je lui ai montré l'écran.

« J'ai encore ça. »

Le chiffre s'affichait clairement : 30 247 euros.

Le silence est revenu, plus lourd cette fois. Mon père a regardé l'écran, le visage décomposé.

« Julien... d'où vient cet argent ? C'est... c'est toutes tes économies. »

« Oui. »

Bernard a regardé le téléphone, puis m'a regardé. Son expression a changé. L'amusement a laissé place à une lueur avide. Il voyait une opportunité. Pas seulement de gagner de l'argent, mais de m'anéantir. De me briser, moi et les espoirs de mon père.

« Intéressant. Très intéressant. »

Il s'est penché en avant.

« Dans ce cas, je te propose autre chose. On oublie les limites. On joue en "No-Limit". Tapis quand tu veux. On joue jusqu'à ce que l'un de nous deux n'ait plus rien. »

C'était une déclaration de guerre.

Ma mère, qui était restée en retrait, a blêmi.

« Bernard, tu es fou ! C'est l'épargne de toute une vie pour lui ! »

Mon père a attrapé mon bras plus fermement cette fois.

« Mon fils, je t'en supplie. Arrête cette folie. L'argent, ce n'est pas important. L'honneur non plus. Rentrons à la maison. »

Bernard a souri.

« Laisse-le décider, Jean-Pierre. C'est un grand garçon, non ? Il veut jouer dans la cour des grands. Laisse-le. »

Il me provoquait, utilisant la tentative de mon père pour me faire passer pour un enfant.

Je savais exactement ce qu'il faisait. Et je savais exactement ce que j'allais faire.

Cette année sabbatique que ma famille pensait que j'avais passée à voyager en Asie, je l'avais en réalité passée dans les cercles de jeu clandestins de Macao et les tournois de Las Vegas. Je n'étais pas un sommelier qui jouait au poker. J'étais un joueur de poker semi-professionnel qui travaillait comme sommelier.

J'ai regardé mon père.

« C'est bon, papa. Je sais ce que je fais. »

Puis, j'ai fixé mon oncle.

« J'accepte. No-Limit. »