J'ai ignoré complètement la scène que Julien venait de créer.
Lentement, délibérément, j'ai traversé le salon.
Chaque pas était un adieu à ma vie passée. Chaque pas était une promesse pour mon avenir.
Je suis passée devant Julien, qui me regardait avec confusion, comme s'il ne comprenait pas pourquoi je ne me jetais pas dans ses bras pour le remercier de sa "générosité".
Mon but était de l'autre côté de la pièce.
Adrien de Valois se tenait près d'une fenêtre, en retrait, comme toujours. Il était l'ombre de la famille. Compétent, loyal, mais toujours mis de côté à cause de sa naissance. Il gérait les actifs les plus compliqués de la famille à l'étranger, loin des projecteurs.
Dans ma vie passée, il était le seul à avoir vu la vérité. Le seul à avoir essayé de m'aider.
Je me suis arrêtée devant lui.
Il m'a regardée, surpris. Ses yeux gris étaient remplis d'une inquiétude sincère.
« Éléonore ? Est-ce que ça va ? » sa voix était basse, rassurante.
« Mieux que jamais, » ai-je répondu.
Julien nous a rejoints, furieux.
« Qu'est-ce que tu fais avec lui ? Tu essaies de me rendre jaloux ? C'est ridicule. Reviens à mes côtés. »
Je me suis tournée vers Julien. Mon visage était vide de toute expression.
« Te rendre jaloux ? Julien, tu te donnes beaucoup trop d'importance. Tu parles d'amour, mais tu ne sais même pas ce que c'est. L'amour, ce n'est pas humilier publiquement la femme que tu prétends vouloir épouser. »
Il a été pris de court. « Mais... c'est pour toi que je fais ça ! Pour qu'on soit ensemble ! »
« Non, » ai-je dit froidement. « Tu fais ça pour toi. Comme toujours. »
Sur ces mots, j'ai enlevé le lourd bracelet en diamant qu'il m'avait offert. Un symbole de notre "engagement". Je l'ai laissé tomber sur un plateau de service qui passait. Le bruit métallique a résonné dans le silence.
C'était fini. Et il ne le comprenait même pas encore.