Le moment fatidique est arrivé. Charles de Valois a tapé sur son verre, demandant le silence.
« Mes amis, ce soir est une soirée importante. L'alliance de la maison Valois et du clan Paoli va être scellée. Éléonore va nous annoncer son choix. »
Tous les regards se sont tournés vers moi.
Julien s'est redressé, bombant le torse. Il était prêt à recevoir sa couronne.
Mais avant que je ne puisse parler, il a fait quelque chose d'incroyablement stupide. Quelque chose qui a prouvé à quel point il était arrogant et déconnecté de la réalité.
Il a levé la main.
« Père, avant qu'Éléonore ne parle, je voudrais faire une proposition. »
Un murmure a parcouru la salle. Charles l'a regardé, les sourcils froncés.
« Je t'écoute. »
Julien a pris un air magnanime. « Je sais qu'Éléonore va me choisir. Notre amour est une évidence. Cependant, mon cœur appartient aussi à Camille Lambert. »
Le scandale était palpable. Camille a eu l'air faussement choquée, posant une main sur sa poitrine.
« C'est pourquoi, » a continué Julien, ignorant les regards horrifiés autour de lui, « je demande la permission de les épouser toutes les deux. Éléonore, pour la raison et l'alliance. Camille, pour l'amour et le cœur. Ainsi, tout le monde sera satisfait. »
Un silence de mort est tombé sur le château.
On aurait pu entendre une mouche voler. C'était une insulte monumentale. Une insulte à moi, à mon clan, et aux traditions de leur propre famille.
J'ai regardé Charles de Valois. Son visage était une pierre. Pas de colère visible, juste un froid polaire. Il a soupiré, un tout petit son, presque inaudible.
« C'est une proposition... audacieuse, Julien. »
Julien a souri, prenant ce commentaire pour une approbation. « Je suis un homme audacieux, père. C'est ce qu'il faut pour diriger l'empire. »
J'ai presque eu pitié de lui. Presque.
Il venait de signer son propre arrêt de mort.