La semaine suivante, j'ai utilisé ma deuxième arme : l'argent et les relations. Mon cousin, Antoine, possède l'une des galeries d'art les plus en vue du Marais. Il est mon complice, le seul au courant de mon plan. Il ferait n'importe quoi pour moi, et pour la mémoire de ce que Manon était.
J'ai "nonchalamment" proposé à Hugo : « Mon cousin a une nouvelle exposition, il peut nous faire une visite privée avant l'ouverture. Ça vous dirait, à toi et tes amis ? »
Une visite privée ? Dans une galerie branchée ? Hugo était aux anges. C'était le genre d'expérience qu'il pouvait raconter à ses collègues de La Défense pour se vanter.
Le soir de la visite, tout le monde était sur son trente-et-un. Sauf Léa, bien sûr. Elle est arrivée en retard, portant un sweat à capuche trop grand, comme pour montrer qu'elle se fichait de cet univers "bourgeois".
Antoine nous a accueillis. Il est beau, élégant, charismatique. Il a serré la main de tout le monde, puis m'a prise dans ses bras.
« Ma cousine préférée ! Tu es magnifique. »
Le visage de Léa s'est décomposé. "Cousin" ? Elle pensait que j'étais une petite provinciale sans relations.
Antoine a été un acteur parfait. Il a expliqué les œuvres avec passion, rendant l'art accessible et intéressant. Il a charmé Sophie et Camille, a parlé finance avec les amis d'Hugo. Il a complètement ignoré Léa.
Elle a essayé de faire une blague. Devant une sculpture abstraite, elle a lancé : « On dirait un truc que mon chien a vomi. »
Un silence glacial est tombé. Antoine s'est tourné vers elle, un léger sourire aux lèvres.
« C'est une perspective intéressante. L'art est subjectif, bien sûr. Cependant, cet artiste explore la déconstruction de la forme urbaine. Mais je comprends que cela puisse échapper à une sensibilité non éduquée. »
C'était une exécution. Polie, chirurgicale, humiliante. Léa est devenue rouge pivoine.
Plus tard, pendant le cocktail, j'ai vu Sophie et Camille parler dans un coin en la regardant. Je me suis approchée.
« Elle est toujours comme ça ? » ai-je demandé innocemment.
Sophie a soupiré. « Pire. La semaine dernière, elle a dit à mon copain que ma robe me faisait de grosses fesses. Devant tout le monde. »
Camille a ajouté : « Elle essaie toujours de nous faire passer pour des idiotes ou des profiteuses. Parce qu'on ne vient pas de la "rue" comme elle. »
C'était le moment.
« C'est étrange, » ai-je dit en réfléchissant à voix haute. « Elle se moque de nos vêtements, mais elle accepte volontiers les dîners et les week-ends que nos copains paient. »
Les deux filles m'ont regardée, un éclair de compréhension dans les yeux. J'avais planté la graine de la révolte.
Nous avons créé un groupe WhatsApp ce soir-là. "Les survivantes". Sans Léa. J'avais désormais une armée.
Léa était de plus en plus isolée. Elle le sentait. Son agressivité montait d'un cran. Elle ne pouvait plus m'attaquer sur mon statut social ou ma culture, alors elle a commencé à insinuer que j'étais infidèle, que je voyais d'autres hommes.
Elle ne savait pas à quel point elle était proche d'une vérité qu'elle ne pourrait jamais imaginer.