L'Échiquier de Chloé
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Chapitre 2

Les jours suivants, la guerre froide a commencé. Léa ne m'attaquait plus directement, mais elle utilisait son arme favorite : Instagram.

Dans ses stories réservées à ses "amis proches", dont Hugo faisait évidemment partie, elle postait des mèmes sur les "filles coincées" ou des citations sur "l'authenticité des vraies amitiés". C'était puéril, mais efficace. Hugo voyait ces piques quotidiennes, et cela entretenait l'idée que j'étais une intruse.

Je n'ai pas réagi. Au contraire, j'ai joué mon rôle à la perfection. Je suis devenue la petite amie idéale, celle qu'on voit dans les films.

Le week-end suivant, j'ai organisé un pique-nique au parc des Buttes-Chaumont pour Hugo et ses amis. Pas des chips et de la bière. Non. J'ai préparé une quiche lorraine maison, une salade composée colorée, des mini-sandwichs au saumon et à l'aneth, et un gâteau au chocolat fondant. J'ai apporté une nappe à carreaux, de vrais verres à vin et des serviettes en tissu.

Quand ils sont arrivés, ils étaient stupéfaits.

« Wow, Chloé, t'as fait tout ça ? » a demandé l'un des amis d'Hugo.

« C'est rien, j'adore cuisiner. »

Léa, qui était venue en jogging, les mains dans les poches, a levé les yeux au ciel.

« Un peu cliché, non ? La parfaite petite fée du logis. »

Personne n'a ri. Les autres étaient trop occupés à dévorer ma quiche. Sophie, la petite amie d'un des garçons, s'est assise à côté de moi.

« C'est délicieux, Chloé. Ne l'écoute pas, elle est juste jalouse. »

J'ai souri à Sophie. C'était le début de mon alliance.

Pendant que les garçons jouaient au football, je suis restée avec Sophie et l'autre petite amie présente, Camille. Je les ai écoutées, j'ai posé des questions sur leur travail, leurs passions. Je ne parlais pas de moi. Je leur donnais de l'importance.

Léa a essayé de s'incruster, de lancer des blagues graveleuses pour attirer l'attention des garçons, mais ça ne prenait pas. L'ambiance était différente. Ma "féminité" douce et attentionnée contrastait trop fortement avec son agressivité de "mec manqué". Pour la première fois, elle n'était plus le centre de l'attention. Elle était juste la fille mal élevée qui gâchait un joli pique-nique.

Mon plan fonctionnait. Je ne cherchais pas à la détruire frontalement. Je la rendais simplement obsolète.

Dans mon petit studio, le soir, je regardais des photos de Manon. Des photos d'avant. Quand elle souriait, ses yeux pétillant de vie, parlant de son rêve d'ouvrir un petit bistrot. C'est Léa qui a éteint cette lumière. Léa, et son père. Et Hugo, qui n'a rien fait.

Ma haine était une flamme froide et constante. Chaque sourire que j'adressais à Hugo, chaque plat que je cuisinais, chaque mot gentil que je prononçais était un pas de plus vers ma vengeance.

Je ne suis pas une gentille fille. Je suis l'héritière d'un empire. Et j'ai appris de mon père que pour gagner une guerre, il faut contrôler le terrain. Le terrain, ici, c'était le cercle social d'Hugo. Et j'étais en train de le conquérir, centimètre par centimètre.

            
            

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