Le jour de mon départ, ma valise était prête près de la porte.
Ma mère me serrait dans ses bras. « Appelle-moi dès que tu arrives. »
« Promis, maman. »
La sonnette a retenti.
J'ai ouvert.
Louis et Mathieu étaient sur le pas de la porte. Amandine se tenait un peu en retrait, le visage baigné de larmes. Encore.
« Chloé, il faut qu'on te parle », a dit Louis, le ton agressif.
« Je n'ai rien à vous dire. » J'ai essayé de fermer la porte.
Mathieu l'a bloquée avec son pied.
« Tu as saboté les fiches de révision d'Amandine », m'a-t-il accusé. « On vient de s'en rendre compte. Elle a failli rater son rattrapage à cause de toi. »
Amandine a éclaté en sanglots. « Je te faisais confiance... »
J'ai regardé leurs visages. Leur conviction était totale. Ils étaient venus me faire la morale une dernière fois.
J'étais fatiguée. Tellement fatiguée.
Je ne me suis pas défendue. À quoi bon ?
Je suis retournée dans l'entrée. J'ai attrapé mon sac à main.
J'en ai sorti mon billet d'avion.
Je le leur ai tendu.
« Lisez. »
Louis l'a pris. Il a froncé les sourcils. « Paris-Londres... Départ dans trois heures... C'est quoi, cette blague ? »
Mathieu a ricané.
« Tu es vraiment désespérée à ce point ? Tu as acheté un faux billet pour attirer notre attention ? »
« C'est pathétique, Chloé », a dit Louis en me rendant le billet. « On pensait que tu avais plus de fierté que ça. »
Amandine a arrêté de pleurer. Elle me regardait avec un mépris amusé.
Ils croyaient sincèrement que mon monde tournait encore autour d'eux.
Que j'étais incapable de vivre sans eux.
J'ai repris mon billet. Je l'ai remis dans mon sac.
« Le taxi arrive », ai-je dit calmement. « Au revoir. »
Je suis passée devant eux. Ma mère a pris ma valise et m'a suivie.
Sur le trottoir, alors que je montais dans la voiture, je les ai entendus rire.
Le son de leur rire m'a accompagnée jusqu'à l'aéroport.
C'était le dernier son que je voulais garder d'eux.