Chapitre 4

Les jours suivants, Julien a essayé de me joindre. Des dizaines d'appels. Des messages.

« Chloé, reviens. On doit parler. »

« C'était un malentendu. »

« Je t'aime. Ne jette pas nos trois ans comme ça. »

Je n'ai répondu à aucun. Ses mots sonnaient creux. Tardifs. Inutiles. Il ne comprenait pas. Il pensait encore que c'était une crise de colère, une dispute à propos d'une voiture. Il ne comprenait pas que c'était la fin d'un amour mort d'épuisement.

J'ai passé le week-end à chercher un nouvel appartement. J'en ai trouvé un, petit mais lumineux, dans un autre arrondissement. Un endroit qui serait juste à moi.

Lundi, au bureau, j'ai demandé à mon chef si je pouvais prendre plus de responsabilités sur le prochain numéro du magazine. Je me suis plongée dans le travail, la seule chose qui me donnait un sentiment de contrôle.

Le soir, en rentrant dans mon futur appartement vide, je n'ai pas ressenti de tristesse. Juste une sorte de paix étrange. La paix de la solitude choisie.

Julien a forcé une dernière confrontation. Il m'a attendue en bas de mon bureau. Il a attrapé mon bras.

« Chloé, arrête ça. Parle-moi. On doit communiquer, être rationnels. »

J'ai retiré mon bras. « Rationnels ? Communiquer ? C'est drôle que tu utilises ces mots maintenant. Où était ta communication quand je pleurais parce que je me sentais seule dans notre relation ? Où était ta rationalité quand tu m'as laissée en plan au milieu de Paris ? »

Il a été déstabilisé. « C'est différent... »

« Non, ce n'est pas différent. C'est juste que maintenant, c'est toi qui as un problème. Et tu voudrais que je le règle. Mais je ne suis plus là pour ça. Je suis fatiguée, Julien. Laisse-moi tranquille. »

Je l'ai contourné et je suis partie. Cette nuit-là, j'ai dormi pour la première fois dans mon nouvel appartement, sur un matelas posé au sol. Et pour la première fois depuis des années, je me suis sentie chez moi.