Amélie tendit la lettre.
"Ceci est ma démission."
Madame Leroux la prit, ses sourcils se haussant en signe de surprise manifeste. Elle parcourut rapidement le texte.
"Tu es absolument certaine, Amélie ? Tu es ici depuis quatre ans. Et tu es une excellente assistante."
"Oui," répondit Amélie, sa voix plus assurée qu'elle ne se sentait. "Je suis très sûre."
La responsable soupira, un air de regret sincère sur son visage.
"Bien. Si c'est ta décision. Je la transmettrai personnellement à Monsieur de Valois."
Amélie hocha la tête, un simple mouvement.
Elle savait, avec une certitude amère, qu'Antoine de Valois, son patron depuis quatre ans, l'homme qu'elle aimait depuis huit, ne remarquerait probablement même pas immédiatement que cette demande de démission venait d'elle, Amélie Dubois.
Pas tout de suite, en tout cas.
Pour lui, elle n'était qu'une employée parmi d'autres.
Compétente, organisée, discrète. Une pièce efficace dans l'engrenage de Valois Group.
Rien de plus.
Amélie retourna à son propre poste de travail, un petit bureau fonctionnel niché dans un coin plus calme de l'étage de direction.
Il était impeccablement rangé, comme toujours.
Elle s'assit, laissant son regard errer sur les quelques objets personnels : une petite plante verte, un cadre avec une photo de Juliette et elle à la Sorbonne, un stylo offert par sa mère.
Quatre ans passés ici, à anticiper ses besoins, à gérer son emploi du temps, à être l'ombre efficace d'Antoine de Valois.
Huit ans à l'aimer en secret, un amour silencieux et dévorant.
Elle ferma les yeux un instant, laissant le tumulte intérieur s'apaiser.
Les souvenirs, eux, ne demandaient pas la permission. Ils affluèrent, vifs et colorés.
Avignon, sa ville natale, le soleil de Provence, la modestie de son enfance.
Puis Paris, l'excitation de la Sorbonne, les études brillantes.
Et enfin, lui. L'épicentre de sa vie parisienne.
Sa rencontre avec Juliette de Valois à l'université avait été une bouffée d'air frais.
Juliette, pétillante, pleine de vie, issue d'une famille parisienne aisée et influente, les de Valois.
Amélie, plus réservée, studieuse, venant d'un milieu modeste, avec des rêves plein la tête mais les pieds sur terre.
Un contraste saisissant.
Pourtant, une amitié s'était nouée instantanément, forte et sincère, cimentée par des rires partagés et des confidences nocturnes.
Juliette parlait souvent de son frère aîné, Antoine.
Le PDG visionnaire de l'empire du luxe familial, Valois Group. Un homme décrit comme brillant, exigeant, un peu froid peut-être, mais aussi le frère protecteur et adoré.
Amélie écoutait attentivement chaque anecdote, chaque détail, fascinée par cet homme qu'elle ne connaissait qu'à travers les récits de son amie, sans encore comprendre la force de l'attraction qui naissait en elle.
Puis elle l'avait rencontré en personne.
C'était lors d'une fête d'anniversaire que Juliette avait organisée dans l'hôtel particulier familial.
Antoine de Valois était là.
Grand, une présence indéniable, un charisme qui emplissait la pièce, mais avec cet air distant, presque inaccessible, qui la captiva immédiatement.
Ce fut un choc. Un coup de foudre.
Unilatéral, elle le sut tout de suite. Dévastateur par sa soudaineté et son intensité.
À partir de ce moment, sa vie avait pris une nouvelle direction, un nouvel objectif.
Elle orienta ses études, choisit ses stages avec une seule idée en tête : se rapprocher de Valois Group.
Se rapprocher de lui.
Devenir son assistante personnelle était devenu son ambition secrète, le Graal.
Un but qu'elle avait finalement atteint il y a quatre ans, après des efforts acharnés.
Un gala d'entreprise. Il y a quatre ans de cela. Une soirée somptueuse dans un palace parisien.
Antoine semblait différent ce soir-là. Agité, les joues légèrement rougies, un éclat fiévreux dans les yeux.
Quelqu'un, elle l'apprendrait bien plus tard, avait drogué son verre. Une rivale en affaires, ou une femme éconduite, l'histoire ne le disait pas.
Il avait cherché à s'isoler de la foule bruyante, se sentant mal.
Amélie, toujours attentive à lui, l'avait remarqué. Inquiète, elle l'avait suivi discrètement.
Il s'était réfugié dans une suite louée par l'entreprise, laissant la porte entrouverte.
Elle l'avait trouvé là, confus, désorienté, luttant contre les effets de la drogue.
Il l'avait attirée à l'intérieur, sa prise forte sur son bras.
Dans son état second, il l'avait prise pour une autre.
Il avait murmuré un nom, une plainte presque. "Camille..."
Amélie, le cœur battant à se rompre, submergée par un mélange de peur et d'un amour fou, n'avait pas résisté.
Par espoir insensé, par désir désespéré d'une proximité, elle s'était donnée à lui.
Une nuit volée, construite sur un malentendu.
Le lendemain matin.
La lumière grise de l'aube parisienne filtrait à travers les rideaux mal tirés de la suite d'hôtel.
Antoine était assis sur le bord du lit, déjà habillé, lui tournant le dos. Puis il s'était retourné.
Il était redevenu lui-même. Froid. Maître de ses émotions. Impénétrable.
Il la regarda, elle, encore allongée, vulnérable. Sans aucune chaleur dans ses yeux bleus.
"Vous êtes Amélie Dubois, n'est-ce pas ? L'amie de Juliette. Vous travaillez au service marketing, je crois."
Sa voix était neutre, professionnelle.
Elle hocha la tête, incapable de prononcer un mot, le cœur serré par l'angoisse.
"Je vous ai souvent remarquée au bureau," continua-t-il, son regard analytique. "Vous me regardez d'une certaine façon."
Il fit une courte pause, comme pour choisir ses mots.
"Vous rougissez facilement lorsque je m'adresse à vous. Vous semblez toujours anticiper mes demandes, même les plus anodines."
Il se leva, fit quelques pas dans la pièce, s'arrêtant près de la fenêtre.
"Vous êtes amoureuse de moi."
Ce n'était pas une question. C'était une constatation, énoncée avec une froideur clinique.
Amélie sentit le peu de couleur qui lui restait quitter son visage. Elle se sentit exposée, disséquée.
Antoine se retourna, se dirigea vers sa mallette posée sur une console.
Il en sortit un carnet de chèques.
Avec une précision détachée, il remplit un chèque, le signa d'un trait sec. Une somme considérable, Amélie le vit d'un coup d'œil.
Il s'approcha et le lui tendit.
"Ceci est pour la nuit dernière," dit-il, sa voix toujours aussi dénuée d'émotion. "Considérez cela comme une compensation. Ce fut une erreur. De ma part."
Amélie recula comme si elle avait été frappée. Les mots étaient plus cruels que n'importe quel geste.
"Je ne veux pas de votre argent, Monsieur de Valois." Sa voix était à peine un murmure.
Il haussa un sourcil, imperceptiblement agacé par son refus.
"Je suis amoureux d'une autre femme," déclara-t-il alors, comme pour clore toute discussion. "Camille de Rohan. Elle est à New York depuis quelques années. Elle est la seule femme que j'aie jamais aimée, la seule qui compte pour moi."
Il marqua une pause, son regard se perdant un instant dans le vague.
"La nuit dernière... j'étais confus. J'ai cru... j'ai cru que c'était elle."
Ces mots achevèrent de la briser.
Il avait murmuré "Camille". Elle s'en souvenait maintenant avec une clarté douloureuse. Elle n'avait été qu'un substitut, une illusion.
Les larmes menaçaient de couler, brûlant ses paupières. Amélie les refoula avec une volonté farouche.
Elle ravala sa fierté blessée, son humiliation.
Un espoir désespéré, irrationnel, la poussa à parler.
"Monsieur de Valois... Antoine..." Sa voix tremblait, mais elle se força à continuer.
"Gardez votre argent. S'il vous plaît. Je vous demande autre chose."
Elle le regarda droit dans les yeux, y mettant toute la supplication dont elle était capable.
"Donnez-moi une chance. Une vraie chance. D'être avec vous."
Elle vit une lueur d'incrédulité dans ses yeux.
"Je sais pour Camille. Mais... si elle revient un jour, ou si vous réalisez que vous ne l'avez pas oubliée, alors je partirai."
"Je vous le promets. Sans un mot. Sans rien exiger en retour."
Elle attendit sa réponse, le souffle suspendu.
Antoine la dévisagea longuement, son expression toujours aussi indéchiffrable.
Le silence s'étira, lourd de non-dits.
Amélie crut qu'il allait refuser, la congédier avec la même froideur.
Puis, il eut un très léger haussement d'épaules, un geste d'indifférence presque imperceptible.
"Comme vous voudrez, Mademoiselle Dubois."
Son ton était neutre, las peut-être. Comme si cela n'avait aucune importance réelle pour lui.
"Vous commencerez comme mon assistante personnelle lundi prochain. Mon assistante actuelle part en congé maternité."
Et c'est ainsi que leur arrangement atypique avait commencé.
Assistante dévouée et ultra-compétente le jour, gérant chaque aspect de sa vie professionnelle avec une efficacité redoutable.
Maîtresse clandestine et silencieuse la nuit, dans l'ombre de son luxueux appartement haussmannien, espérant un regard, un geste tendre qui ne venait jamais.
Quatre années de cet équilibre précaire.
Quatre années d'espoir secret et de chagrin dissimulé.
Quatre années à attendre qu'il la voie enfin. Elle, Amélie.
Et maintenant, tout s'effondrait. Camille de Rohan était revenue.
C'était arrivé il y a une semaine exactement.
Le jour du trente-cinquième anniversaire d'Antoine.
Amélie avait passé des semaines à chercher le cadeau parfait : une édition originale d'un recueil de poésie qu'il avait mentionné une fois, des mois auparavant, comme étant introuvable. Elle l'avait finalement déniché chez un bouquiniste spécialisé.
Elle avait prévu de le lui offrir discrètement en fin de journée, avec ses vœux.
Elle n'en avait pas eu l'occasion.
En milieu d'après-midi, son fil Instagram avait affiché une nouvelle publication.
Une photo d'Antoine, souriant comme elle ne l'avait jamais vu sourire, embrassant passionnément une femme blonde, d'une beauté éclatante, devant la Tour Eiffel scintillant de mille feux.
La légende, écrite par Antoine lui-même, ne laissait place à aucun doute : "Le plus beau cadeau d'anniversaire qu'un homme puisse espérer : une seconde chance avec mon unique amour. Joyeux anniversaire à moi. @CamilleDeRohan, tu es de retour."
Le cœur d'Amélie s'était littéralement arrêté de battre pendant une seconde, avant de se briser en une myriade de fragments douloureux.
La condition de leur pacte secret était remplie.
Camille était revenue. Et il ne l'avait manifestement jamais oubliée.
Son rôle à elle était terminé. Elle devait partir.
Malgré la douleur fulgurante, malgré la certitude de la fin, une partie d'Amélie avait eu besoin d'une confirmation. D'entendre sa voix.
Elle avait composé son numéro personnel, celui qu'elle connaissait par cœur.
Une voix féminine, suave et légèrement traînante, empreinte d'une pointe d'arrogance, avait répondu après quelques sonneries.
"Allo ? Qui est à l'appareil ?"
C'était elle. Camille de Rohan. Sa voix correspondait à son image sur la photo : assurée, gâtée.
Le souffle coupé, Amélie avait bredouillé : "Je... je voudrais parler à Monsieur de Valois, s'il vous plaît."
Elle avait entendu un rire léger de l'autre côté, puis Camille s'adresser à quelqu'un près d'elle, sa voix portant clairement jusqu'au combiné : "Chéri, c'est encore une de tes employées. Elle a l'air complètement paniquée. Tu devrais leur dire de ne pas t'appeler sur ton numéro privé."
Puis la voix d'Antoine, plus lointaine, mais distincte, teintée d'agacement : "Ignore-la, mon amour. Ce n'est personne d'important. Raccroche."
Personne d'important.
Ces trois mots avaient résonné dans sa tête comme un glas.
Quatre ans de dévouement, d'amour silencieux, réduits à néant.
Elle n'était personne.
C'est pourquoi, le lendemain matin, la mort dans l'âme mais la résolution chevillée au corps, elle avait rédigé et déposé sa lettre de démission.
Le soir même de sa démission, Amélie s'attelait à faire ses cartons dans la chambre d'amis de l'appartement haussmannien d'Antoine, celle qu'elle occupait discrètement depuis quatre ans.
Ses affaires étaient peu nombreuses. Quelques vêtements, des livres. Une vie qui tenait dans deux valises.
Il était temps de retourner à son ancien petit studio du 15ème arrondissement, qu'elle avait gardé par prévoyance.
Antoine entra dans la chambre sans frapper, comme à son habitude. Il s'arrêta sur le seuil, la surprise se peignant sur ses traits habituellement impassibles en voyant les valises à moitié remplies.
"Tu... tu déménages ?" demanda-t-il, une pointe d'incrédulité dans la voix.
"Oui," répondit Amélie, sans le regarder, continuant de plier méthodiquement un pull. "Notre arrangement est terminé. Camille est revenue."
Il parut légèrement contrarié, un pli barrant son front. Était-ce pour la perte de son assistante ou de sa maîtresse ? Elle ne le saurait jamais.
"Je peux te conduire," proposa-t-il après un silence. "Juliette serait furieuse contre moi si je te laissais te débrouiller seule avec tes affaires." Toujours Juliette, le paravent commode.
Amélie accepta d'un signe de tête, trop fatiguée pour discuter, trop lasse pour refuser.
Dans la voiture, une berline de luxe silencieuse, l'atmosphère était pesante.
L'habitacle était empli d'objets qui n'étaient pas les siens. Des sacs de shopping de grandes maisons de couture, des coussins en soie aux couleurs vives, un foulard négligemment jeté sur le siège arrière. Et surtout, un parfum capiteux, floral et sucré, très différent du sien, plus discret. Le parfum de Camille.
"Camille aime beaucoup ces choses," expliqua Antoine, presque sur un ton d'excuse, comme s'il sentait le besoin de justifier cette invasion.
"Je suis très contente pour vous deux," répondit Amélie, sa voix se voulant neutre, polie. "Que vous ayez enfin retrouvé le bonheur que vous attendiez." Chaque mot lui coûtait un effort surhumain.
Le téléphone d'Antoine vibra sur le tableau de bord, affichant le nom "Camille Mon Amour".
Il décrocha immédiatement. La voix de Camille, exigeante et impatiente, emplit l'habitacle. Elle voulait qu'il la rejoigne sur-le-champ dans une pâtisserie renommée des Champs-Élysées pour un caprice de dernière minute.
Il hésita une fraction de seconde, jetant un coup d'œil rapide à Amélie.
"Je peux prendre un taxi à partir d'ici," proposa Amélie, devinant son dilemme. "Ne vous inquiétez pas pour moi."
Il s'arrêta au coin de la rue suivante, près d'une station de taxis.
En descendant de la voiture, nerveuse et pressée d'en finir, Amélie trébucha légèrement sur le trottoir inégal.
La petite boîte en carton qu'elle serrait contre elle lui échappa des mains.
Elle tomba lourdement sur le sol mouillé par une récente averse, s'ouvrant sous le choc.
Son contenu se répandit tristement sur le bitume gris.
Des lettres d'amour jamais envoyées, écrites au fil des années, remplies de ses espoirs et de ses peines.
Quelques photos volées de lui, prises à son insu lors d'événements professionnels ou de moments plus intimes.
Des petits objets sans valeur qu'il avait jetés ou oubliés, et qu'elle avait précieusement récupérés et conservés comme des reliques : un bouton de manchette égaré, un stylo à moitié usé, le programme d'un opéra où ils étaient allés séparément.
La boîte de ses souvenirs secrets. Le témoignage muet de son amour à sens unique, de sa folie.
Antoine, qui était descendu pour l'aider avec sa valise, vit la scène. Son regard balaya les objets épars.
Son visage resta de marbre. Aucune surprise, aucune curiosité, aucune émotion.
Il ne dit pas un mot.
Il se redressa, remonta dans sa voiture sans un regard en arrière, et démarra rapidement pour rejoindre Camille.
Laissant Amélie seule sur le trottoir, agenouillée au milieu de ses trésors dérisoires, alors qu'une pluie fine et froide commençait à tomber plus dru.
Tandis qu'elle ramassait en hâte ses affaires éparpillées, les larmes se mêlant à la pluie sur son visage, un scooter surgit de nulle part, la frôlant dangereusement.
Elle perdit l'équilibre et tomba, sa cheville se tordant douloureusement sous elle. Le conducteur du scooter accéléra et disparut au coin de la rue, sans même ralentir. Délit de fuite.
Sa cheville la lançait violemment. Son genou écorché saignait à travers son pantalon déchiré.
Elle réussit à se traîner, boitillant péniblement, jusqu'à son ancien studio, situé heureusement à quelques rues de là. Chaque pas était une agonie.
Trempée jusqu'aux os, frigorifiée, le corps endolori et le cœur en miettes, elle s'effondra sur son vieux canapé.
Plus tard dans la soirée, alors qu'elle essayait de soigner ses blessures avec les moyens du bord, son téléphone sonna. Un SMS. D'Antoine.
Son cœur fit un bond irrationnel. Avait-il des remords ? S'inquiétait-il ?
Le message s'afficha : "J'ai appris ta démission. C'est soudain. J'espère que tu vas bien. Un conseil, si je peux me permettre : ne sois pas si dévouée à un seul homme. Il y a plein d'autres poissons dans l'océan. Ne gâche pas ta jeunesse et tes talents pour quelqu'un qui ne te voit pas. Bonne chance pour la suite."
Il pensait qu'elle était juste une employée modèle un peu trop attachée, peut-être un peu amoureuse platoniquement.
Il n'avait rien compris à la profondeur de ses sentiments, à la nature de leur relation clandestine, à la douleur qu'il venait de lui infliger. Ou alors, il s'en moquait éperdument.
Ce message, censé être bienveillant, était la goutte d'eau.
Une rage froide, mêlée à un désespoir infini, submergea Amélie.
Elle regarda la boîte de souvenirs, maintenant souillée et abîmée, posée sur la table basse.
Elle se leva, malgré sa cheville douloureuse.
Elle trouva un vieux cendrier en métal et un briquet dans un tiroir.
Une à une, elle prit les lettres, les photos, les petits objets.
Et elle y mit le feu.
Les flammes dansèrent, dévorant le papier, le tissu, le plastique. Consumant les preuves tangibles de huit années de sa vie.
Huit années d'un amour secret, patient, insensé. Quatre années de sacrifices et d'humiliations acceptées.
"C'est fini," murmura-t-elle aux cendres qui s'accumulaient, sa voix rauque.
"Je ne t'aime plus, Antoine de Valois. Tu entends ? Je ne t'aime plus !"
Mais une petite voix au fond d'elle, perfide, lui souffla que c'était un mensonge.
Pas encore. La douleur était trop vive, l'empreinte trop profonde.
Mais cela le deviendrait. Elle se le jura, les poings serrés, les yeux secs et brillants de détermination.
Elle allait s'arracher cet amour du cœur, coûte que coûte.