Il m' a jetée sur le siège passager de sa voiture.
La portière a claqué.
L' espace confiné sentait son parfum, un mélange de cuir et de quelque chose de boisé, de masculin.
Il a démarré en trombe, quittant l' allée de la villa.
« Qu' est-ce que tu crois faire ? » j' ai demandé, essayant de garder ma voix ferme.
Il ne m' a pas répondu.
Il conduisait vite, trop vite.
Il s' est garé dans une rue sombre, près de la Seine.
Il a coupé le moteur.
Le silence était pesant.
Puis, il s' est tourné vers moi.
Il a sorti quelque chose de la boîte à gants.
Des menottes. Fines, en métal.
Mon cœur s' est emballé.
Il m' a attrapé les poignets et les a attachés au-dessus de ma tête, au support de la poignée.
J' étais prisonnière. À sa merci.
« Tu voulais jouer, Amélie ? Tu voulais mon attention ? »
Sa voix était rauque.
« Tu voulais ça, n' est-ce pas ? Être maîtrisée ? Punie ? »
Son mépris était palpable.
J' ai senti la douleur monter. Pas physique. Émotionnelle.
Mais je ne lui donnerais pas la satisfaction de me voir pleurer.
J' ai levé le menton.
J' ai craché sur son visage.
Il a essuyé sa joue lentement, ses yeux ne quittant pas les miens.
Un petit sourire cruel s' est dessiné sur ses lèvres.
Il s' est penché sur moi.
Son corps pressant le mien contre le siège.
Ses lèvres ont trouvé les miennes. Un baiser brutal, exigeant.
J' ai résisté au début, puis j' ai cédé.
C' était toujours comme ça entre nous. Un mélange de haine et de désir.
Nos corps se connaissaient trop bien.
Après, le silence est retombé, lourd, chargé de non-dits.
Mes poignets étaient endoloris.
Ma respiration était haletante.
« Tu vas continuer ? À rester avec moi ? Comme convenu ? » j' ai demandé, la voix faible.
J' avais besoin de savoir.
Son téléphone a sonné.
L' écran affichait « Camille ».
Il a décroché.
Sa voix s' est adoucie instantanément.
« Oui, mon amour ? Je suis désolé, j' ai eu un contretemps. J' arrive tout de suite. »
Il a raccroché, sans même un regard pour moi.
Il a détaché mes poignets.
La tendresse pour elle, l' indifférence pour moi.
« Elle te satisfait, ta petite fiancée parfaite ? » j' ai demandé, l' amertume emplissant ma voix.
Il a boutonné sa chemise, ajusté sa cravate.
« Oui. Camille est douce, attentionnée. Elle est tout ce que tu n' es pas. »
« Je l' ai choisie. Je l' aime. »
Il a démarré la voiture.
Il m' a déposée au coin de ma rue.
« Descends ici. Je ne veux pas qu' elle te voie. Ça créerait des malentendus. »
« Bien sûr. Il ne faudrait pas salir l' image de ton couple parfait, » j' ai répondu avec sarcasme.
Il n' a pas réagi.
Je suis sortie de la voiture sans un mot de plus.
Il est parti sans un regard en arrière.
Le lendemain, j' ai dû subir le rendez-vous arrangé par ma mère.
Le prétendant, un certain Antoine, était suffisant, ennuyeux.
Il n' a pas tardé à faire des commentaires sur ma « réputation ».
« J' ai entendu dire que vous étiez une femme... libérée, Mademoiselle Moreau. »
Son sourire était gras.
J' ai failli lui jeter mon verre à la figure.
Puis Lucas Girard est apparu. Comme sorti de nulle part.
Il s' est assis à notre table, l' air de rien.
« Amélie, ma chérie, tu ne m' as pas attendu ? »
Il m' a embrassée sur la joue, un geste possessif.
Antoine l' a regardé, interloqué.
« Et vous êtes ? »
« Son amant. Depuis des années. N' est-ce pas, Amélie ? »
Lucas jubilait. Il prenait un malin plaisir à saboter ma vie.
J' ai repoussé Lucas.
J' ai regardé Antoine.
« Je crois que ce rendez-vous est terminé. »
Je me suis levée et je suis partie, les laissant tous les deux plantés là.
En sortant du restaurant, je les ai vus.
Étienne et Camille.
Dans une bijouterie de luxe, juste en face.
Ils riaient.
Il lui a glissé une bague au doigt. Une bague de fiançailles. Énorme. Scintillante.
Elle l' a embrassé.
Il allait vraiment l' épouser.