Mon Amour, Mon Enfer, Deux Fois
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Chapitre 2

Nos regards se sont croisés à travers la salle bondée du bar.

Le sien, froid et accusateur. Le mien, provocateur.

Je me suis levée et j' ai marché vers sa table.

Chaque pas était une épreuve, mais je ne l' ai pas montré.

Camille Lefevre m' a regardée avec une curiosité à peine voilée, un petit sourire suffisant aux lèvres.

Elle était belle, d' une beauté classique, parfaite. Trop parfaite.

« Étienne, Camille, » j' ai dit, ma voix faussement enjouée.

« Puis-je me joindre à vous ? Ou vous préférez que je déballe nos petites affaires de famille devant tout le monde ? »

Étienne a serré la mâchoire.

Camille a levé un sourcil délicat.

« Je crois que nous avons une affaire personnelle à régler, n' est-ce pas, Étienne ? » j' ai insisté.

Il a jeté un regard noir à Camille.

« Attends-moi dehors, Camille. J' en ai pour cinq minutes. »

Elle a hésité, puis s' est levée avec grâce.

« Bien sûr, mon amour. »

Elle m' a lancé un regard triomphant en passant.

Nous étions seuls.

« Qu' est-ce que tu veux, Amélie ? Encore de l' argent ? Ou juste semer le chaos ? »

Sa voix était lasse.

J' ai sorti mon téléphone.

J' ai ouvert une vidéo. Ancienne. Très intime.

Lui et moi. Avant tout. Avant les mariages de nos parents, avant la haine.

Je lui ai montré l' écran.

Son visage s' est durci.

« Tu n' oserais pas. »

« Oh, si. Tu me connais. Je n' ai plus rien à perdre. »

C' était tellement vrai.

« Ta famille, les Dubois, tiennent à leur réputation, n' est-ce pas ? Ton père, Jean-Pierre, surtout. Un petit scandale comme ça... juste avant ton mariage prestigieux... »

J' ai souri.

« Je veux deux mois. Deux mois avec toi. Avant ton mariage. Fais ce que je te dis, sois avec moi quand je t' appelle. Sinon... »

J' ai fait un geste vers le téléphone.

« Cette vidéo devient virale. »

Il m' a regardée avec un mépris infini.

« Tu es pathétique. »

Ça a fait mal. Mais j' ai tenu bon.

« Peut-être. Mais tu vas accepter. Pour ta précieuse famille. Pour ta future épouse parfaite. »

Il a soupiré, un long soupir de défaite.

« D' accord. Deux mois. Mais après ça, tu disparais de ma vie. Pour de bon. »

« Marché conclu. »

J' avais gagné du temps. Un temps précieux et volé.

Je me suis approchée de lui.

L' ascenseur pour sortir du bar était étroit.

J' ai pressé mon corps contre le sien.

Il était tendu, rigide.

« Tu aimes toujours jouer avec le feu, n' est-ce pas, Amélie ? » a-t-il murmuré, son souffle chaud sur mon cou.

« Et toi, tu aimes toujours te brûler, mon cher frère. »

Le mot « frère » était une provocation délibérée. Une façon de souligner l' interdit, la transgression.

Il a grogné.

Soudain, une douleur aiguë m' a transpercé la poitrine.

Comme un coup de poignard.

J' ai gémi, repoussant Étienne.

J' ai porté une main à ma poitrine, essayant de respirer.

Il m' a regardée, les sourcils froncés.

« Qu' est-ce qui te prend ? Encore une de tes comédies ? »

Sa voix était froide, suspicieuse.

Il pensait que je simulais. Toujours.

« Laisse-moi, » j' ai réussi à articuler.

J' avais besoin de mes médicaments. Vite.

Il est sorti de l' ascenseur dès que les portes se sont ouvertes, me laissant là, chancelante.

Sans un regard en arrière.

Camille l' attendait, un sourire inquiet sur son visage parfait.

Il lui a pris la main et ils sont partis.

Quelques minutes plus tard, mon téléphone a sonné.

Ma mère. Isabelle.

« Amélie ? Ce soir, nous dînons tous ensemble. Chez nous, à Neuilly. Avec Étienne et Camille. Jean-Pierre y tient. Sois présentable. »

La villa des Dubois à Neuilly-sur-Seine était immense, ostentatoire.

Ma mère jouait les hôtesses parfaites, souriante, attentionnée envers Jean-Pierre, le père d' Étienne.

Étienne, lui, l' ignorait superbement.

L' ambiance était électrique.

Camille était assise à côté d' Étienne, lui parlant à voix basse, lui touchant le bras.

Jean-Pierre trônait en bout de table, l' air satisfait.

Ma mère m' a servi une assiette.

Des fruits de mer.

Elle savait que j' y étais allergique. Une allergie mineure, mais désagréable.

Avec elle, on ne savait jamais.

Étienne, sans un mot, a tendu la main et a retiré les crevettes de mon assiette.

Un geste automatique, presque inconscient.

Il se souvenait.

J' ai levé les yeux vers lui, surprise. Il détourna le regard, le visage fermé.

Ma mère a souri, faussement préoccupée.

« Oh, ma chérie, j' avais oublié. Tu es si difficile. »

Puis, elle a changé de sujet, s' adressant à moi.

« Amélie, j' ai pensé à toi. J' ai rencontré le fils d' un ami de Jean-Pierre. Un jeune homme charmant, très bien établi. Il aimerait beaucoup te rencontrer. Un mariage serait une excellente chose pour toi. Pour stabiliser ta... situation. »

Stabiliser ma réputation, voulait-elle dire.

J' ai failli m' étouffer.

« Maman, je ne suis pas intéressée. »

« Ne sois pas ridicule, Amélie. Tu ne vas pas rester seule toute ta vie. Surtout avec ta... réputation. Les gens parlent. Ils disent que tu cours après Étienne, ton propre demi-frère. C' est honteux ! »

Elle a dit ça fort. Pour que tout le monde entende.

Étienne et Camille ont levé les yeux.

Jean-Pierre a froncé les sourcils.

J' ai senti mes joues brûler.

« D' accord, » j' ai dit, la voix blanche. « D' accord, je le rencontrerai. »

Pour la faire taire. Pour que ce supplice cesse.

J' ai observé Étienne et Camille pendant le reste du dîner.

Il lui souriait. Un vrai sourire.

Il lui parlait doucement.

La jalousie m' a rongée. Une douleur familière.

Après le dîner, alors que tout le monde était au salon, je me suis approchée d' Étienne.

Il était seul près de la cheminée.

« Alors, mon cher frère, cette soirée te plaît ? » j' ai murmuré, un ton de défi dans la voix.

Il s' est retourné, ses yeux sombres brillant d' une lueur dangereuse.

Il m' a attrapée par le bras, violemment, et m' a tirée vers la sortie, vers sa voiture.

Personne n' a semblé remarquer. Ou personne n' a voulu intervenir.

            
            

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