La Vengeance d'une Folle : Le Silence d'Élodie
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Chapitre 3

Le retour à Montreuil a été un choc. L'appartement de mes parents semblait avoir rétréci, étouffé par le chagrin. L'air était lourd, immobile. Ma mère était assise à la table de la cuisine, le regard vide. Mon père était dans un fauteuil roulant, les jambes dans le plâtre, le visage marqué par des bleus qui viraient au jaune.

Personne n'a parlé quand je suis entrée. Ma mère a juste levé les yeux, et une nouvelle vague de larmes a coulé sur ses joues.

Sur la cheminée, à la place des photos de Chloé souriante, il y avait une urne. Froide, grise, impersonnelle.

Je me suis approchée. J'ai posé mes doigts dessus. La céramique était glacée. C'était tout ce qui restait de ma sœur. Tout ce qu'ils m'avaient laissé.

C'est à ce moment-là qu'on a frappé à la porte. Un coup sec, arrogant.

Mon père a sursauté. Ma mère a retenu son souffle.

Je me suis retournée, mon visage un masque de vide.

« N'ouvrez pas. »

Mais il était trop tard. La porte s'est ouverte à la volée. Adrien et Camille se tenaient sur le seuil, leurs vêtements de marque et leurs sourires méprisants détonnant dans notre petit salon.

Adrien m'a vue. Son expression a changé. Un instant de confusion, puis un rictus mauvais. La ressemblance entre Chloé et moi était forte, surtout maintenant que le chagrin avait creusé mes traits.

« Chloé ? » a-t-il dit, le ton faussement surpris. Puis il a ri. Un rire gras et suffisant. « Alors c'est ça, ton nouveau plan ? La fausse mort pour nous faire culpabiliser ? C'est pathétique. »

Camille s'est approchée, un sourire venimeux aux lèvres.

« Tu nous as bien fait peur, ma pauvre. On a presque cru à ton petit drame. »

Elle a jeté un regard dédaigneux à l'urne sur la cheminée.

« Tu as même acheté l'accessoire qui va avec. Très convaincant. »

Je n'ai pas bougé. Je les ai laissés parler, déverser leur venin.

Adrien s'est avancé vers moi.

« Allez, finie la comédie. Tu rentres avec nous. On va t'apprendre à ne plus faire de bêtises. »

Il a fait un signe de tête vers la porte.

« Tu vas retourner au couvent et te faire pardonner. Vraiment, cette fois. »

Ma mère s'est levée.

« Laissez-la tranquille ! Vous ne voyez pas que ce n'est pas... »

Je lui ai jeté un regard. Un seul. Elle s'est tue, comprenant soudain. Elle a vu le monstre dans mes yeux.

J'ai baissé la tête, feignant la soumission.

« D'accord. »

Ma voix était un murmure, le même que celui de Chloé quand elle avait peur.

Adrien a souri, satisfait.

« Bien. Je savais que tu finirais par comprendre. »

Je les ai suivis dehors, laissant mes parents pétrifiés dans l'appartement. Nous sommes montés dans sa voiture de sport, une machine chère et bruyante. Sur l'autoroute A6, le trafic était dense. Adrien conduisait vite, d'une main, l'autre posée sur la cuisse de Camille.

La radio était allumée, France Info. Une voix neutre de journaliste a rempli l'habitacle.

« ...alerte évasion dans la région de Grenoble. Une patiente jugée extrêmement dangereuse s'est échappée de la clinique psychiatrique de haute sécurité du Vercors. La gendarmerie met en garde la population. La fugitive, Élodie Dubois, est décrite comme... »

Camille a ricané.

« Encore une folle en liberté. Ce pays part à vau-l'eau. »

Adrien n'écoutait même pas. Il était trop occupé à se vanter de son dernier investissement.

J'ai regardé par la fenêtre les lumières de la ville qui défilaient. Un léger sourire s'est dessiné sur mes lèvres.

Ils ne savaient pas. Ils ne savaient pas que la folle était assise sur leur banquette arrière.

Et qu'elle les emmenait tout droit en enfer.

                         

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