La Vengeance d'une Folle : Le Silence d'Élodie
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Chapitre 2

Un souvenir a traversé le brouillard de ma rage.

J'avais seize ans. Chloé, quatorze. On rentrait de l'école dans notre quartier de banlieue. Les fils d'un homme d'affaires local, deux brutes qui pensaient que tout leur était dû, l'ont coincée contre un mur. Ils riaient, leurs mains sales sur elle.

Chloé a crié mon nom.

Je n'ai pas réfléchi. Je n'ai pas eu peur. J'ai juste agi.

Le premier a fini avec le bras tordu dans un angle impossible. Le second, j'ai frappé son visage contre le mur en briques, encore et encore, jusqu'à ce que le son devienne mat et humide. Le sang a giclé sur mon visage, sur mes vêtements.

Je ne me suis arrêtée que lorsque Chloé a tiré sur mon bras, en pleurant.

« Arrête, Élodie, s'il te plaît, arrête... tu vas le tuer. »

Je me souviens de son regard. De la peur. Pas des garçons. De moi.

C'est cet incident qui m'a conduite ici. "Violence inouïe", "danger pour elle-même et pour les autres", "troubles dissociatifs de l'identité avec pulsions agressives". Le diagnostic était long et impressionnant. Il signifiait simplement que j'étais un monstre qu'il fallait enfermer.

Depuis ce jour, ma seule lumière était Chloé.

Elle venait me voir chaque semaine. Elle passait les contrôles de sécurité, bravait l'atmosphère pesante de la clinique, juste pour s'asseoir avec moi dans cette pièce blanche.

Elle m'apportait toujours la même chose. Une petite boîte pastel de chez Ladurée.

« J'ai tes macarons, Élodie. »

Elle les sortait un par un. Pistache, rose, vanille. Elle savait que je ne parlais pas. Elle parlait pour deux, me racontant sa vie, ses espoirs, son amour pour ce faible d'Adrien. Je l'écoutais, et le goût sucré du macaron était mon seul lien avec son monde, avec la douceur.

La dernière fois que je l'ai vue, elle était radieuse. Elle m'a montré sa bague de fiançailles.

« Je me marie, Élodie. Tu te rends compte ? »

Elle m'a pris la main. Sa peau était chaude.

« Dès que le mariage sera passé, je reviens. Et je t'apporterai la plus grosse boîte de macarons que tu aies jamais vue. Promis. »

Cette promesse flottait maintenant dans le vide de ma chambre. Une promesse brisée. Un goût sucré qui ne reviendrait jamais.

La rage a fait place à une clarté glaciale.

Mon plan était simple.

J'ai attendu la nuit. L'infirmier de garde, un homme corpulent et suffisant, a fait sa ronde. Quand il a ouvert la porte de ma chambre, je n'étais pas dans mon lit.

J'étais derrière lui.

Il n'a même pas eu le temps de crier. J'ai attrapé sa tête et l'ai frappée contre le cadre en métal de la porte. Un seul coup. Sec. Précis. Il s'est effondré sans un bruit.

Je lui ai pris ses clés, son badge. J'ai traversé les couloirs silencieux comme un fantôme. La porte principale était blindée. J'ai ignoré le lecteur de carte. J'ai simplement enfoncé mes doigts dans l'interstice et j'ai tiré. Le métal a grincé, s'est tordu, et le pêne a cédé dans un grand bruit.

L'alarme s'est déclenchée, hurlant dans la nuit glaciale du Vercors.

Je n'ai pas couru. J'ai marché. Le vent froid sur mon visage était une bénédiction. J'étais libre.

Et je venais réclamer une dette de sang.

            
            

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