Une Seconde Chance Loin de Lui
img img Une Seconde Chance Loin de Lui img Chapitre 2
3
Chapitre 5 img
Chapitre 6 img
Chapitre 7 img
Chapitre 8 img
Chapitre 9 img
Chapitre 10 img
Chapitre 11 img
Chapitre 12 img
Chapitre 13 img
Chapitre 14 img
Chapitre 15 img
Chapitre 16 img
Chapitre 17 img
Chapitre 18 img
Chapitre 19 img
Chapitre 20 img
Chapitre 21 img
img
  /  1
img

Chapitre 2

Amélie prit rendez-vous dans une clinique discrète en Suisse. Elle utilisa ses économies, celles qu'elle avait si patiemment accumulées. Elle ne dit rien à Jean-Christophe, prétextant un court voyage pour voir une exposition. L'idée de porter l'enfant de cet homme, de le lier à elle pour toujours par ce biais, lui était insupportable. C'était son corps, sa décision. Une décision solitaire et douloureuse.

La veille de son départ pour la Suisse, alors qu'elle faisait sa valise, son téléphone vibra. Un message de Victoire. Une vidéo. Amélie hésita, puis cliqua. Victoire, radieuse, dans le jardin du château des Védrines, les jumeaux jouant à ses pieds. Elle parlait à la caméra, un sourire narquois aux lèvres.

« Chère Amélie, j'espère que tu vas bien. Jean-Christophe est tellement occupé ces temps-ci, tu sais. Entre les affaires et... la famille. Il parle souvent de toi. Il dit que tu es... fragile. Prends soin de toi. »

Chaque mot était une provocation. Amélie regarda la vidéo jusqu'au bout, la mâchoire serrée. La douleur était intense, une brûlure dans sa poitrine. Mais au milieu de cette souffrance, une chose étrange. Un reste d'amour absurde pour l'homme qu'elle avait connu, ou cru connaître. Un amour qu'elle devait tuer.

Elle tenta un dernier appel. Une dernière fois. Peut-être pour entendre un mensonge de plus, ou peut-être, au fond d'elle, espérait-elle encore un miracle.

« Jean-Christophe ? »

Sa voix tremblait légèrement.

« Je... je voulais te voir. Avant mon voyage. »

Il y eut un silence à l'autre bout du fil. Puis sa voix, distante, pressée.

« Amélie, je suis désolé, je suis en pleine réunion. Très important. On se voit à ton retour, d'accord ? »

Puis, un bruit étrange en fond sonore. Un rire d'enfant. Un rire familier, entendu sur la vidéo de Victoire. Avant qu'Amélie ne puisse réagir, il ajouta rapidement :

« Je dois te laisser. À bientôt. »

Et il raccrocha. Pour la première fois de leur relation, il avait raccroché sans un mot tendre, sans une promesse. Le désespoir la submergea. C'était fini. Vraiment fini.

Le cœur brisé, mais la résolution plus forte que jamais, elle ferma sa valise. Elle poursuivrait son plan. Elle devait se libérer.

Un message de Manon arriva quelques minutes plus tard.

« Tout est prêt pour la régate. Le voilier est loué. Le scénario est calé. Tu es sûre de toi, Amélie ? »

Amélie répondit par un simple "Oui." Un mélange de soulagement et d'appréhension la saisit. Il n'y avait plus de retour en arrière possible.

Cette nuit-là, Amélie ne dormit pas. Elle pleura silencieusement dans l'obscurité de sa chambre, repensant à leur rencontre, à leurs premiers mois idylliques, à la violence de la trahison. Elle médita sur la vengeance, sur la liberté. Le plan était risqué, mais c'était sa seule issue.

Jean-Christophe rentra tard, ignorant tout. Il la trouva assise sur le lit, les yeux rougis. Il s'approcha, plein d'enthousiasme.

« J'ai pensé à quelque chose de grandiose pour l'arrivée du bébé ! Nous allons réaménager toute l'aile ouest du château. Une nurserie immense, une salle de jeux... Et j'ai déjà contacté les meilleures écoles de la région. Notre enfant aura tout ce qu'il désire. »

Il parlait, encore et encore, de leurs projets, de leur futur.

Amélie ne put retenir ses larmes. Elle éclata en sanglots incontrôlables, secouée de spasmes. Jean-Christophe la regarda, alarmé.

« Mon amour, qu'est-ce qui se passe ? C'est la grossesse ? Les hormones ? »

Il tenta de la prendre dans ses bras, mais elle le repoussa.

Elle parvint à se calmer, essuyant ses larmes.

« Non, ce n'est rien. Juste un peu de fatigue. »

Elle força un sourire.

« Avant mon voyage, je pensais faire une petite tournée d'adieu. Voir quelques amis, ma famille. »

Un adieu silencieux à sa vie d'avant.

Jean-Christophe insista pour l'accompagner.

« Bien sûr, mon amour. Je serai à tes côtés. Je veux rencontrer ta famille, leur montrer combien je t'aime. »

Sa dévotion continue était une torture. Il ne voyait rien, ne comprenait rien. Ou peut-être ne voulait-il pas voir.

Lors d'une petite réception organisée par l'université pour célébrer une découverte archéologique à laquelle Amélie avait modestement contribué, Jean-Christophe fut, comme toujours, le centre de l'attention. Ses anciens professeurs, ses camarades, tous étaient impressionnés par sa générosité – il avait fait un don important au département – et par sa dévotion visible envers Amélie. Il la couvrait de regards tendres, lui tenait la main. Amélie souriait poliment, le cœur vide. L'ironie de la situation était palpable.

Soudain, la porte s'ouvrit. Victoire de Courcy fit une entrée remarquée, un sourire éclatant aux lèvres, tenant par la main ses deux jumeaux. Elle balaya la salle du regard, s'arrêtant sur Amélie et Jean-Christophe. Le silence se fit.

            
            

COPYRIGHT(©) 2022